Concert – PIL à la Cité de la Musique

par Julien Bitoun – Woodbrass Team

Le nom de PIL ne vous dit peut être rien. En revanche, celui des Sex Pistols vous évoque forcément l’image de jeunes gens aux cheveux en bataille qui ne se lavent pas et crachent par terre. PIL, ou Public Image Limited pour les intimes, est le groupe monté par le chanteur John Lyndon (alias Johnny Rotten) en 1978, juste après la fin des Pistols. Contrairement à son premier groupe, PIL a tenu bon contre vents et marées et cette légende de la musique britannique continue de faire des concerts en 2013. Ils étaient à la Cite de la Musique de Paris le 23 Octobre, et Woodbrass ne pouvait pas rater ça.

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Jusqu’à la mi-janvier, la Cité de la Musique propose une exposition autour de l’explosion du punk dans les années 70, « Europunk« . Nous vous en reparlerons bien sûr mais en attendant ils ont aussi fait venir des rescapés de la grande époque pour des concerts explosifs. Mais PIL n’est pas qu’un monument pour nostalgiques des épingles à nourrice de 1977 : le concert du 23 était clairement l’œuvre de musiciens qui sont trop occupés à créer pour regarder en arrière. D’ailleurs, la setlist a fait la part belle à leur dernier album en date, This Is Pil (2012).

D’entrée, l’ambiance est posée : lumières douces, costumes colorés pour Lyndon, sobres pour les autres, et décor minimaliste mais très efficace (le logo du groupe sur fond de toile). L’ensemble basse / batterie est en béton armé, et avec l’aide de programmations qui amènent un côté électronique très actuel, assoit le groove sans trop en faire. Par dessus ce tapis, Lyndon place ses mélodies dissonantes, ses cris de mouette ou ses phrases répétées à l’infini avec un accent cockney qui rappelle inévitablement son premier groupe.

pilMais il ne faudrait pas oublier le bruiteur de l’ensemble. Le guitariste Lu Edmonds fait des merveilles, passant de bruits discrets mais hypnotiques à des envolées mélodiques toujours sur le point de l’explosion. Cet ancien de The Damned fait preuve d’un bon goût absolu dans son choix d’instruments : un Fender Telecaster sunburst touche érable, une Gretsch Country Gentleman sunburst elle aussi, un saz (luthd’Europe de l’Est) électrique et enfin une Gibson Les Paul sunburst. Bien sûr, face au traitement d’un styliste pareil, ces guitares se retrouvent bien loin de leurs sons habituels.

La setlist, très bien conçue, alterne entre morceaux directs (This Is Not A Love Song) et plages planantes (Warrior). L’invitation au voyage est sans ambiguïté, et le mélange de rigidité de la section rythmique avec la liberté proche de l’improvisation dont font preuve Lyndo et Edmonds donne un côté unique à la musique de PIL. On imagine sans mal que chaque concert est légèrement différent, et le groupe donne l’impression de créer sous nos yeux, à des années lumières d’artistes pourtant bien plus jeunes qui offrent des shows millimétrés sans aucune surprise. 57 ans et encore des leçons à donner : chapeau, John.

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