Didier Wampas (chanteur / guitariste) – Interview

Par Woodbrass Team

Après 11 albums et près de 30 ans de carrière, les Wampas sont sans conteste un des monuments les plus résistants du punk français. A leur tête, le chanteur et guitariste Didier Wampas continue de prêcher la bonne parole du rock, avec une innocence et une authenticité très rafraichissantes. A quelques jours de la sortie de l’album Comme Dans Un Garage en compagnie du groupe Bikini Machine, Didier est venu nous rendre visite pour une interview sans faux-semblants.

didierwampas

Comment s’est passée ta rencontre avec la musique ?
J’ai découvert le punk à 15 ans en voyant The Clash à la télé. Avoir 15 ans en 77 c’était le bonheur. Toutes les semaines tu avais un nouveau 45 tours qui arrivait et qui changeait tout ! Depuis j’ai simplement gardé ce truc là. à chaque fois que je joue de la guitare j’ai 15 ans. Je fais des chansons pour moi à 15 ans. Quand tu joues bien de la guitare, au bout d’un moment tu n’as pas envie de jouer du rock. Tu joues du jazz et tu te mets à faire semblant de jouer moins bien… Moi je ne fais pas semblant ! J’écoute plein d’autres choses, notamment beaucoup de musique classique, mais ça n’est pas ce qui se passe quand je prends ma guitare. Ça m’a libéré d’écouter de la musique classique : je ne vais pas faire du Bach à la guitare, donc je fais du rock ‘n’ roll !

Souvent, les Wampas ne sont pas pris au sérieux sous prétexte que les paroles ne sont pas sérieuses. Cela t’agace-t-il ?
C’était déjà le cas de Trenet ! Pour moi c’est le plus grand poète français de tous les temps, et il n’a jamais été pris au sérieux. Il n’est jamais cité dans le même souffle que Brel, Brassens et Ferré. Trenet, c’est mon exemple. Je m’en fous d’être pris au sérieux, je laisse ça à Noir Désir. Je m’en fous d’être reconnu, si on m’avait dit à 15 ans que je vivrais en faisant du rock ‘n’ roll j’aurais signé tout de suite ! Les gens nous disent qu’on mérite mieux mais je ne vois pas ce qui pourrait être mieux. Je joue avec un groupe, qu’est-ce que tu veux que demande de plus ? Vendre plus de disques ? C’est triste. Je m’en fous. Si tu rentres là-dedans tu deviens aigri. J’ai pas envie d’être aigri.

C’est pour cette raison que tu as gardé un boulot en parallèle de ta carrière musicale ?
Oui bien sûr. Quand la musique que tu as envie de faire au fond de toi-même n’est pas grand public, qu’est-ce que tu fais ? Soit tu veux en vivre et tu changes ce que tu fais, soit tu assumes et dans ce cas tu fais ce que tu fais en gardant un boulot à côté.

Dis m’en plus sur ta participation au film Le Grand Soir.
On a juste fait le concert, mais j’ai été marqué par l’attitude de Benoît Poelvoorde. Il ne fait pas semblant, il est à fond tout le temps ! C’est le mec le plus rock n’ roll que j’aie vu. Il est comme ça tout le temps ! Pendant le tournage il était ivre mort, l’équipe le portait dans sa loge entre chaque prise. Le lendemain matin il était encore là dans le hall de l’hôtel, il n’avait pas dormi !

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Vous avez enregistré une chanson en hommage à Buddy Holly. Que représente-t-il pour toi ?
Je n’avais pas de grand frère donc j’écoutais le hit parade d’Europe 1, il y avait Bowie et Johnny, et dans Rock & Folk ils parlaient de Pink Floyd mais je ne comprenais vraiment pas. Je préférais écouter du Buddy Holly.

Vois-tu un écho entre la génération de 77 et la génération de 54 ?
Oui, oui vraiment. En 54 ils ont inventé le rock n’ roll, en 77 ils l’ont réinventé. Des mômes prennent une guitare, et tout le monde tourne ensemble. Quand tu vois les affiches des concerts de l’époque, c’est incroyable ! J’ai vraiment eu de la chance d’avoir 15 ans en 77. C’est l’âge où tu attends quelque chose de la musique, tu es prêt.

Y a-t-il un concert qui t’a particulièrement marqué à l’époque ?
Il n’y en a pas tant que ça qui étaient aussi bien que ce que je m’imaginais en écoutant les disques dans ma chambre. Pour moi ces gens étaient des super héros, et quand je voyais les concerts je me disais « c’est seulement ça »… C’est pour ça qu’à l’heure actuelle je continue de tout donner sur scène, de sauter dans tous les sens et d’aller voir le public après. Il y a un concert qui a changé ma vie, c’était les Cramps à Bobino. A la fin il n’y avait plus de service d’ordre, du coup tout le monde est monté sur scène et ils ont continué avec tout le public sur scène !

Quelle est ton approche de la guitare ?
Didier : Je joue avec trois doigts, j’ai pas envie d’apprendre plus. Dans les années 80, on avait le guitariste Marc Police dans le groupe qui composait et je ne faisais que chanter. On a perdu Marc et on a pris Philippe, sauf que lui ne composait pas. J’ai donc commencé la guitare pour composer. J’ai commencé à 30 ans, en jouant « C’est l’amour » avec un doigt ! Je joue sur scène depuis 30 ans et je n’ai pas envie d’apprendre à jouer, je m’en fous. Ça me suffit de faire ça, je suis heureux ! Mais du coup j’aime bien les guitares.

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Tu en as à combien ?
J’en revends des fois, mais il doit m’en rester une quinzaine. J’en ai plein je ne sais plus quoi en faire !

Quelle est ton exigence numéro un lorsque tu choisis une guitare ?
Le look d’abord, la gueule de la guitare ! Et puis après je veux qu’elle sonne sur scène.

José tu mentionnais tout à l’heure la Telecaster Thinline Squier dont Dider a fait l’acquisition récemment.
José (régisseur des Wampas) :
Là on peut le dire vraiment pour de bon, les Squier actuelles sont excellentes ! Le point de vue du musicien compte, mais souvent pour l’ingé son il y a des choses qui ne marchent pas pour autant. Là ça fonctionne parfaitement, et en plus elles sont solides. C’est important sur scène, les instruments volent, et pas qu’une fois ! Les instruments cheap, c’est l’essence du rock n’ roll.

Didier, quelles sont tes pédales et amplis de prédilection ?
Didier :
Pour les amplis je joue sur n’importe quoi, ça ne change rien. Je ne veux qu’une RAT. Avant j’avais une Big Muff maintenant j’aime la RAT. J’ai aussi une reverb Electro Harmonix pour les solos. J’ai monté le groupe Sugar And Tiger avec mes fils et ma fiancée qui chante, on va jouer dans toute la France on part juste avec les guitares dans le coffre et on joue sur ce qu’on trouve sur place ! Je suis super content de faire ça : avec les Wampas c’est bien, mais on est 10 sur la route, José me règle les guitares, c’est presque trop facile.

D’où te vient cette volonté manifeste de conserver l’esprit rock n’ roll ?
Il y a l’histoire de la mort de Marc, le premier guitariste des Wampas. Marc c’était mon ami, et j’ai l’impression que depuis sa mort je continue un peu de faire de la musique pour lui. Lui croyait au rock n’ roll. Si il était toujours vivant, on serait peut-être partis dans des délires, on aurait fait un opéra rock, on serait partis en Italie faire des slows… Mais je joue du rock n’ roll à trois doigts.

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