Happy Birthday to you : la Stratocaster !

par Woodbrass Team

On ne vous apprend rien, 2014 est l’année des soixante ans du modèle de guitare le plus vendu, copié et vénéré au monde : la Fender Stratocaster. Depuis sa naissance en 1954, elle n’a cessé d’inspirer les musiciens dans tous les styles, et a été la plume avec laquelle s’est écrite l’Histoire du Rock. Voici notre petit hommage à cette grande dame.

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Une guitare c’est un instrument de musique, certes, mais c’est aussi un objet d’art, et dans le cas de la Stratocaster, c’est un coup de génie en terme de design esthétique et fonctionnel, à ranger à côté de la Ford T dans la catégorie « légendes du 20è siècle ». Il suffit que l’on demande à un béotien de dessiner une guitare électrique, le résultat sera à n’en pas douter une Stratocaster… En quoi cette forme est-elle si parfaite ? C’est simple : elle est parfaitement adaptée à la fonction qu’elle doit remplir. Ses chanfreins ultra sexy (le fameux « contour body ») permettent à la Strat de se lover contre le corps du guitariste. Ses deux cutaways (alors que les premières électriques n’en avaient qu’un) autorisent l’aventurier à se balader dans les aigus sans entraves, et lui donnent une forme bien plus moderne que les designs existants jusque là. La Telecaster était un instrument simple et cru, tandis que la Les Paul était raffinée mais directement dérivée des designs archtops de Gibson et inspirée de la lutherie violon : pour la nouveauté on repassera donc. Même la tête de la Strat est un modèle de perfection, avec ce bel arrondi final qui lui donne tout son sens.

Coup de génie
Chaque détail va dans le sens d’un instrument exemplaire, tant et si bien que les modèles vendus à l’heure actuelle n’ont pas bougé d’un iota. Le vibrato est bien plus évolué que le Bigsby (l’autre design de l’époque), et bien plus stable. Une fois bien réglé (tout un art), les ressorts maintiennent l’ensemble bien en place pour un effet doux, musical et stable. L’électronique est un autre coup de génie : le fait d’avoir trois micros permet une palette de sons que Léo Fender lui-même ne soupçonnait pas, puisque le sélecteur de micros n’avait que trois positions jusqu’en 1977, et qu’entre temps de nombreux musiciens cherchaient les deux positions intermédiaires en bloquant leur sélecteur à mi-course, allant jusqu’à utiliser des allumettes pour le maintenir dans la bonne position… D’ailleurs, dans une large mesure, il y a fort à parier que Fender n’avait pas complètement réalisé l’importance historique du modèle qu’il venait de concevoir, et en bon ingénieur perfectionniste il continuera d’essayer d’améliorer son design, notamment en proposant la Jazzmaster en 1958 qui était conçue comme un modèle plus haut de gamme que la Strat. Mais à ce jour cette dernière reste bien au chaud sur son piédestal…

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Stratophiles
Le véritable coup de génie de Léo Fender a été d’écouter les musiciens : lui-même ne jouait pas une note, et il a donc écouté les suggestions des pros sans aucun à-priori. Ce sont d’ailleurs les guitaristes qui, décennie après décennie, se sont rendus compte d’à quel point la Strat pouvait les suivre dans tous leurs délires. Jimi Hendrix l’a mise à rude épreuve (et on pourrait même argumenter que personne n’a joué une Strat avec autant de passion depuis), Clapton et Jeff Beck ont trouvé leur maison entre ses cordes, Hank Marvin (The Shadows) a inspiré toute une génération à jouer, Stevie Ray Vaughan l’a rendue cinglante, et plus récemment, Eric Johnson a prouvé qu’il y avait encore pléthore de sons à découvrir dans ces trois micros. La simplicité du concept est telle qu’il suffit de changer un élément et la Strat devient l’instrument parfait pour le style : deux humbuckers DiMarzio et elle se transforme en arme pour Dave Murray (Iron Maiden), deux EMG et la voilà avec Jim Root (SlipKnot), et avec un Floyd Rose elle devient la Superstrat, ce type de guitares synonyme de la vague shred des années 80 sur lesquelles jouaient Steve Vai et bien d’autres. Ces derniers mois, vous avez entendu encore plus de strat que d’habitude : l’énorme tube Get Lucky de Daft Punk tient debout grâce à l’excellente rythmique de Nile Rodgers.

Où est ma Strat ?
à l’heure actuelle, le catalogue Fender compte 82 Stratocasters (il y en a 33 en plus chez Squier) : avouez qu’il y a de quoi perdre la tête… Pourtant il suffit de connaître les bases pour s’y retrouver. Une Strat pour avoir trois inclinaisons différentes : vintage (son plus doux, moins facile à jouer), actuel (standard, ultra polyvalente) ou moderne (avec des configurations de micros originales et de l’accastillage encore plus performant). Il y a ensuite plusieurs gammes de prix : les Squier d’entrée de gamme, les Squier haut de gamme (Classic Vibe et Vintage Modified), les Fender standard mexicaines, les Classic (vintage donc) mexicaines, les Deluxe (modernes donc) mexicaines, les American Special (l’entrée de gamme US), American Standard, American Deluxe et American Vintage. Et pour ceux qui veulent le top, il y a bien sûr le Custom Shop… Parmi celles que j’ai eu l’occasion d’essayer, j’ai une opinion particulièrement haute des modèles signature Jeff Beck (moderne) et Eric Johnson (vintage, une tuerie !). Et bien sûr, si vous vous sentez prêts à craquer, le magasin de Nashville Gruhn propose à la vente la première Stratocaster jamais produite. Le tout pour la modique somme de 250 000 dollars ! Elle est pas belle l’histoire ? Et bon anniversaire surtout !

 

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