Interview – D’Addario Woodwinds et Orchestral

par Jules Joffrin – Woodbrass Team

Tout le monde connaît les cordes D’Addario, mais on ne connaît pas forcément l’étendue de la richesse du catalogue de la marque. Afin d’explorer cette facette de la marque, nous avons rencontré Jean-François Bescond, responsable du développement pour D’Addario, qui nous a tout expliqué.

daddarioRaconte-nous l’histoire de D’Addario.
D’Addario est une entreprise familiale de plus de 1000 personnes qui est implantée sur Long Island, à 45 minutes de New York City. On retrouve des traces de la famille D’Addario aussi tôt que 1680. Ils étaient bergers dans les Marches, centre de l’Italie, et ont commencé à fabriquer des cordes en boyau. C’était le début de la lutherie italienne. En 1905, ils sont partis pour le nouveau monde, et ont continué à se développer autour des cordes de guitare. Ils se sont rapprochés de la famille Kaplan, spécialisée dans la corde frottée, et ont finalement racheté la marque dans les années 80. Il y a toujours eu une grande proximité entre le monde de la musique et la famille D’Addario. La marque est très connue dans le monde de la guitare mais elle est aussi un des spécialistes mondiaux des cordes frottées. Il y a dix ans, nous avons fait l’acquisition de la marque Rico, le leader de la fabrication des anches avec près de 25 millions d’anches fabriquées par an. A ce jour, l’entreprise est toujours gérée par des membres de la famille D’Addario.

Combien de cordes fabriquez-vous ?
Tous modèles confondus, D’Addario fabrique entre 300 000 et 400 000 cordes par jour.

Sont-elles uniquement vendues sous le nom D’Addario ?
Non, nous faisons aussi de l’OEM, c’est-à-dire que nous produisons pour d’autres fabricants, mais c’est une partie minoritaire de notre production. Et nous réservons l’innovation pour notre marque propre.

dadQuel est ton parcours ?
Je suis clarinettiste ayant étudié avec Guy Dangain (CNSMDP / ONF), diplômé de l’Ecole Supérieure de Gestion et détenteur d’un MBA d’une université américaine car l’aspect business m’a toujours intéressé. J’ai été responsable de la communication et du marketing chez Selmer Paris pendant quasiment dix ans, dont trois années à Washington D.C. aux Etats Unis. J’ai ensuite rejoint l’équipe D’Addario sur un poste de développement. Je m’occupe de la gamme classique: Rico, qui a été récemment rebaptisé D’Addario Woodwinds, et la gamme des cordes frottées, D’Addario Orchestral.

Quelles sont les contraintes propres au marché classique ?
C’est un marché de prescription, c’est le professeur qui oriente l’élève dans ses choix de matériels. Nous avons donc une action de proximité auprès des professeurs de tous niveaux, locaux ou internationaux.

Les artistes interprètes (solistes) sont-ils aussi prescripteurs ?
Bien sûr, nous avons par exemple le grand clarinettiste Martin Fröst qui nous fait confiance. Il fait plus de 200 concerts par an, c’est un gage de qualité. Tout musicien a avant tout besoin de sécurité. Pouvoir faire confiance à son matériel lorsqu’on est sur scène permet de s’exprimer plus librement. On a énormément investi dans la qualité.

N’est-ce pas ingrat d’essayer de vendre un élément qui paraît aussi anodin qu’une corde ?
De plus en plus, les musiciens comme les réparateurs et luthiers se penchent de plus près sur le « consommable » (accessoires musicaux… mais indispensables pour jouer d’un instrument). Les anches ou les cordes sont l’élément le plus facile à changer. Changer d’instrument, surtout chez les cordes, représente un investissement bien plus coûteux. On n’est certes pas dans le rêve, mais c’est un excellent moyen d’améliorer son confort et sa sécurité de jeu.

Comment vois-tu l’évolution des métiers de la musique ?
J’ai la chance chaque jour de travailler dans un milieu qui me passionne, je côtoie des musiciens formidables, des ingénieurs pointus, des équipes de vente et marketing très compétentes, des partenaires et des magasins qui sont de vrais professionnels. C’est donc une vraie filière d’excellence. Et il y a encore de nombreuses opportunités pour les jeunes qui voudraient se lancer dans cette industrie, pour allier passion et activité professionnelle.

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