Norbert Galo (guitariste Deep Forest, Josh Groban, Ana Toroja) – Interview

Par Woodbrass Team

Vous ne connaissez pas forcément son nom, mais vous l’avez déjà entendu jouer : c’est la magie des guitaristes de session dont le nom n’est pas en haut de l’affiche mais que l’on retrouve sur toutes les ondes. Norbert Galo a joué de la guitare pour Deep Forest, Ana Toroja (chanteuse de Mecano), Josh Groban, Catherine Lara ou encore Charles Aznavour. Il est venu chez Woodbrass faire l’acquisition d’une classique Alhambra et nous en avons profité pour poser quelques questions à ce guitariste hors pair.

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Quel a été ton apprentissage ?
Je suis un guitariste issu des années 70, la génération Woodstock. J’ai commencé par le chant, bercé par les Beatles. Je trouvais les textes dans le magazine Salut Les Copains. Et puis la guitare est arrivée, en voyant Hendrix à la télé, et en allant voir Deep Purple sur scène avec mon grand frère en 69. J’ai récupéré une guitare espagnole bas de gamme qui décorait chez mes parents, et tout a commencé comme ça. J’ai monté mon premier groupe en 73, il s’appelait Anthrax ! à cette époque, je me suis organisé une vraie discipline de travail. J’écoutais l’histoire de la musique à la radio, et je m’imprégnais de musique californienne comme Poco, Neil Young, mais aussi les anglais de Led Zeppelin et Blind Faith. J’ai eu la révélation du rock progressif par Gentle Giant et Magma, puis je découvre Miles Davis, Coltrane et le Mahavishnu Orchestra.

Comment es-tu devenu professionnel ?
Je me suis fait remarquer par le directeur artistique de la maison de disques Barclay qui m’a invité à une séance de studio. C’était pour la bande originale du film « Et la tendresse, bordel ? ». C’est à ce moment là que j’ai compris qu’on pouvait gagner de l’argent en jouant de la guitare ! J’ai commencé à faire des arrangements, des orchestrations, j’ai fait des séances pour des pubs, je suis parti en tournée avec des chanteurs… J’ai travaillé avec Bernard Paganotti, Eric Serra… à la fin des années 80 j’ai commencé à me lasser de ce métier, tant on me demandait en permanence d’imiter d’autres guitaristes, sans me laisser développer ma propre patte.

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Tu t’es donc éloigné de ce milieu ?
Je me suis payé un voilier dans lequel j’ai monté un petit studio pour pouvoir travailler seul. Je me suis beaucoup baladé, puis je suis revenu m’installer Paris en 1997. Je travaille alors aux studios Davout, +XXX et Omega. C’est à cette époque que j’ai travaillé sur mon premier album. Laurent Vernerey est venu poser des basses acoustiques, et cet album s’est promené partout dans le monde. C’est alors qu’on m’a proposé de travailler avec Ana Torroja de Mecano, et ça a collé tout de suite ! J’ai ensuite travaillé avec Deep Forest, puis j’ai rencontré ma future femme, la harpiste Claire avec qui nous avons travaillé sur plusieurs projets. J’ai commencé à faire ce que j’aimais vraiment, je me suis rapproché de ce que je suis au fond : un guitariste. Je me suis donc concentré sur mon quartet, jouer une sorte de jazz blues avec les gens que j’aime, ne pas se mettre de limites, lâcher les chevaux, laisser l’accident s’installer et retrouver cet esprit jazz / blues des années 70.

Tu as joué en première partie de Larry Carlton avec ton quartet Norbert Galo and Friends (Christian Belhomme au piano , Laurent Vernerey à la basse et Félix Sabal-Lecco à le batterie). Qu’as-tu appris de son jeu ?
C’est un mec qui a un cœur énorme. Je l’écoute depuis longtemps et j’ai appris de lui à avoir une sorte d’architecture dans mon jeu, une vision sur la longueur, aller d’un point A à un point B de manière cohérente sans se dire qu’on se retrouvera au tas de sable ! J’ai été très influencé par ses voicings, son travail sur les triades qui amène beaucoup d’élégance dans le jeu.

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Comment en es-tu arrivé à la classique Alhambra ?
Je cherchais une guitare dans l’esprit flamenco. Je trouve les classiques un peu trop rondes, je voulais que ça claque un peu plus vu qu’il m’arrive de jouer avec médiator. Je cherchais à aller d’une nuance très tendre à très forte sans avoir le claquement du piezo, et la construction espagnole m’a toujours attiré. J’ai donc trouvé cette Alhambra en demi-caisse, la 7 Fy CW E2. Et là, elle est partie pour deux mois sur la route !

Evolution de ton matos
Dans les années 80, on avait des racks qui faisaient une tonne ! J’avais des multieffets Ibanez, le pitch transposer MXR, le delay MXR, le Space Echo Roland… Je jouais avec deux Mesa Boogie sur baffle Marshall, et je mettais une Electro Harmonix Electric Mistress du côté delayé. Je jouais sur Stratocaster. J’ai eu une 54 qui était très mauvaise à cause d’une finition et d’un micro changé. La meilleure que j’ai eu était une 73 sunburst. Je me suis aussi beaucoup éclaté avec une Gibson ES-355 de 68 qui avait un Bigsby d’origine. J’ai eu des Ibanez, des Kramer, des Charvel, une SG Melody Maker qui était extra, une Les Paul / SG trois micros de 61. A l’époque de Deep Forest je ne travaillais plus qu’avec des préamplis, notamment le Roland VG8. J’ai ensuite trouvé une excellente Strat, une American Vintage. C’est aussi à cette époque que je me suis mis en quête d’un ampli Dumble, j’en ai essayé un en Allemagne qui valait 15 000 dollars, ce qui est beaucoup moins que ce qu’ils valent à l’heure actuelle, mais je n’ai pas été scotché. Pour le prix je préfère partir en vacances en famille !

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