La vraie première guitare électrique refait surface !

par Woodbrass Team

Devinez ce qu’un fermier de l’Arkansas vient de découvrir en cherchant des pièces pour retaper sa Ford T ? Un des tous premiers modèles de guitare électrique ! Le numéro de série est difficile à lire avec l’usure extrême que cette superbe Sparrow d’époque a subi, et il est donc difficile de confirmer à 100% qu’il s’agit bien de l’instrument joué par Hendrix, même si il y ressemble furieusement. Les experts se penchent à l’heure actuelle sur le sujet. En attendant, nous avons des photos exclusives à partager avec vous, et l’histoire complète de son créateur ! Profitez-en, ça n’est pas tous les jours qu’on a face à soi un morceau d’histoire.

Robert_Johnson

John Sparrow est né à Duluth, Minnesota le 1er Avril 1914. Nous fêterions donc son centenaire s’il avait survécu au terrible accident de deltaplane qui lui a coûté la vie il y a déjà vingt ans (électrocuté sur une ligne à haute tension, ça ne s’invente pas !). John Sparrow voulait être ingénieur en informatique (dès 1924, c’est vous dire s’il était en avance sur son temps) mais le sort en décidera autrement : pour son dixième anniversaire, il reçoit un balai, sur lequel il installe une corde à sauter tendue, et produit ainsi son premier instrument. Jusque là rien d’extraordinaire, n’importe quel gamin bricoleur en est passé par là. Mais deux heures plus tard, il a sa première grande idée : il comprend vite que son balai à corde ne sera jamais assez puissant pour être entendu dans les big bands de l’époque. Il installe alors un capteur sous la corde, il le relie à un câble qu’il branche dans une radio modifiée, et le son qui en sort le convainc qu’il vient de faire une découverte révolutionnaire. Malheureusement, il parle de son invention à tout le monde sans se soucier des copieurs et deux ingénieurs complètement obscurs, Adolph Rickenbacker et George Beauchamp, lui piquent l’idée pour fabriquer leurs lapsteels électriques.

Eagletone est né
Mais John Sparrow n’est pas homme à se laisser abattre si facilement. Il sent que la mode du lapsteel électrique va finir par passer et sent bien que la guitare sera le prochain instrument à bénéficier de cette évolution. Il décide cette fois de monter sa marque propre afin de ne pas se faire piquer l’idée, mais trouve que « Sparrow » ne sonne pas si bien que ça (son fils Jack, qui s’est lancé dans l’activité de pirate du côté de Port-Au-Prince, a décidé d’assumer le patronyme familial). Il raconte dans son autobiographie, Ils m’ont tout piqué (éditions Camion Blanc, 2004), comment il a trouvé son nom : « Je discutais avec Robert Johnson, et il m’a dit « man, quand je joue sur tes guitares, je sonne comme un aigle ! », j’ai tout de suite trouvé que le nom était parfait ». C’est ainsi que Eagletone (le son de l’aigle) est né en 1934.

L’ère Johnson
Le premier modèle qui sort chez Eagletone est nommé en référence à son créateur : il s’agit de la Sparrow. Pour l’époque (1934 donc), le design est complètement avant-gardiste : c’est ce qu’il appelle un corps solide, autrement dit il a conçu une guitare au corps complètement plein qui résiste au larsen. Elle est parfaitement adaptée à l’amplification, et ça tombe bien puisqu’elle est équipée de trois micros. Deux ans plus tard, Gibson copie ce design pour son modèle Charlie Christian mais se plante complètement, en ne gardant qu’un micro sur une guitare creuse. C’est aussi en 1936 que Robert Johnson enregistre les titres qui donneront naissance au rock. Peu de gens le savent, mais il utilisait une Eagletone pour ces sessions. L’ingénieur du son, peu habitué au son d’une guitare électrique, a tenté de reproduire le son acoustique qui lui était familier, mais si on écoute bien l’album King Of The Delta Blues Singers, on entend clairement le son typique de la Sparrow. A l’époque, il est prévu que Eagletone sorte un modèle signature Robert Johnson, mais ce dernier meurt en 1938 d’un accident de tricycle (ou empoissonné par un mari jaloux, les versions divergent), coupant court à ce projet qui aurait sans doute permis à John Sparrow de faire connaître son invention au grand public.

Buddy-Holly

Les copieurs se lâchent
Les années 50 sont une période très difficile pour Sparrow : un concurrent quelconque, Léo Fender, a lancé sa compagnie en faisant des copies bon marché des guitares Eagletone. Sa Telecaster, sortie en 1950, est clairement ratée par rapport à la Sparrow : elle n’a que deux micros, qu’un seul pan coupé, et elle est largement moins fonctionnelle. En 1954, Fender frise carrément le plagiat avec la Stratocaster : elle reprend la forme et la configuration de micros de la Sparrow, mais les connaisseurs ne s’y trompent pas : Léo a oublié des détails évidents, comme le sélecteur à cinq positions (il n’en aura que trois chez Fender jusqu’en 1977 ! la honte…) ou la couleur, qui est un triste sunburst chez Fender alors que Eagletone a déjà lancé le bleu pâle comme couleur d’origine dès 1936. Comme par hasard, Fender lance sa Stratocaster en custom color (dont le Daphne Blue, ben voyons…) dès 1959.  Mais les vrais musiciens ne s’y trompent pas. Le chanteur Buddy Holly a commencé sur une Stratocaster faute de moyens, mais dès ses premiers succès discographiques (le single That’ll Be the Day en 1957)  il s’est offert une superbe Sparrow. Il était d’ailleurs prévu que Eagletone sorte un modèle Buddy Holly, mais l’accident d’avion du 3 février 1959 en décidera autrement.

Bob_Dylan

L’expérience de l’amplification
Dans les années 60, Sparrow se détourne de la guitare pour concevoir des amplis. Il sent la frustration des guitaristes face au manque de puissance des petits Fender, et conçoit donc une tête 100 watts avec deux baffles séparés. Un anglais fort malhonnête du nom de Jim Marshall lui pique alors l’idée et en fait son fond de commerce, ce qui est d’autant plus absurde que l’anglais en question est batteur ! Ce coup du sort n’affecte cependant pas l’aura des guitares Eagletone, qui restent le symbole de l’excellence, un secret bien gardé qu’on ne s’échange qu’entre rock stars. Lorsque Bob Dylan se met à l’électrique, il n’hésite pas une seule seconde et choisit le marque qui vient de la même ville que lui. C’est donc une Eagletone qu’il arbore comme le symbole de son émancipation artistique au Newport Folk Festival de 1965. Jimi Hendrix quant à lui délaissera son habituelle Fender pour arborer un modèle digne de l’occasion sur la scène de Woodstock en 1969.

Jimi_Hendrix

Suite et fin
Dans les années 70, Sparrow se lance dans le marché de la pédale d’effets. Il n’a pas inventé le concept (pour une fois !) mais le rend bien plus sexy en concevant une ligne de pédales compactes, indestructibles, qui sonnent et qui bénéficient de couleurs pastel très fun. Cinq ans plus tard, les japonais de Roland lui volent son idée (les japonais sont alors les spécialistes de la copie) et montent la marque Boss. Il ne se laisse pas abattre et décide alors de perfectionner son propre modèle de guitare, avec cette humilité typique du génie qui s’ignore. Il conçoit un vibrato ultra performant qui reste parfaitement en place, et un de ses amis proches, Floyd Rose, s’enfuit la veille du dépôt de brevet. Les années 90 sont l’époque du retour à un matos plus élémentaire, et une fois de plus Eagletone est à l’avant-poste de la révolution en marche. En 1994, Sparrow signe un contrat d’endorsement avec le guitariste qui aurait dû apporter la reconnaissance ultime à ses guitares : Jeff Buckley. Sparrow disparaît le 1er Avril de cette même année, et ne vivra donc pas pour continuer de défendre ses instruments, mystérieusement disparus… Jusqu’à aujourd’hui !

Le phénix
Alors que personne ne l’attendait, voici donc ce superbe modèle d’époque qui vient exciter les collectionneurs et faire rêver les historiens. Un fermier qui a préféré rester anonyme a trouvé la bête dans son garage, et il attend bien sûr les avis d’experts avant de décider s’il la met aux enchères ou s’il décide de céder aux énormes sommes proposées par plusieurs spécialistes qui rêvent d’en faire la pièce maîtresse de leur collection. Affaire à suivre donc !

IMG_0500-2

IMG_0448-3

10 réflexions au sujet de « La vraie première guitare électrique refait surface ! »

  1. ma première guitare électrifiée c’était la guitare jazz de mon père je lui ais ajouté 1 stymer au bord de sa rosace ovale en 1958….1 an après je rentrais dans l’orchestre Bambanita Jazz le chef m’a donné un bon que j’ai remboursé au fil des bals je me suis rendu en Avignon et je suis retourné avec une « Ofner » extra-plate avec un son chadows que j’ai toujours et fonctionne encore à merveille …salut

  2. Cet article est truffé de fautes !! Voir même de bourdes historiques !!
    Hendrix n’a jamais utilisé d’Eagletone sur la scène de Woodstock en 1969 ! Il avait bel et bien sa fidèle Fender Stratocaster entre les mains, il suffit de revoir les images d’archives pour en être certain ! Quelle grossière erreur votre part, j’en viens même à me demander si elle n’est pas volontaire (ou si l’article n’est pas qu’une simple blague…un poisson d’avril peut-être !)
    Mais les images, parlons en aussi ! La majorité des photos de votre articles sont des montages, certes réussis, mais ils ne rendent pas compte de la réalité !
    Et enfin, Eagletone est une marque de guitare « entrée de gamme », je doute que beaucoup de guitaristes chevronnés s’en satisfassent sur scène !!
    Après réflexion, je suppose qu’il s’agit d’une petite blague de la part de l’équipe Woodbrass, à prendre au second degré !

  3. Elle existe vraiment mais elle n’est pas à vendre ! Restez dans le coin, il y aura bientôt un article pour vous montrer comment faire subir la même chose à la vôtre…

  4. Mince, je tombe que maintenant sur cet article.
    Bravo pour les pécheurs de chez Woobrass, qui ont sû ramener un sacré poisson (c’est même un filet plein là ^^)

    Par contre, petite erreur sans gravité (quoique), vous avez oublié de mentionner le lien de parenté entre John et Jack………………Sparrow

    😀

Laisser un commentaire