Thierry Demougin (rédacteur en chef de KR Magazine) – Interview

Par Woodbrass Team

Vous l’avez sans doute déjà remarqué si vous êtes au taquet pour la promotion de votre groupe : les appels à démo ont commencé pour le concours KR Découvertes. Le principe ? Si votre titre est retenu, il sera intégré à la compilation incluse dans le magazine KR (Keyboards Recording), qui consacrera aussi une demi-page au groupe. Elle est pas belle l’histoire ? Pour y voir plus clair ainsi que pour faire connaissance en profondeur avec KR, nous vous proposons cette interview de l’homme derrière le titre, Thierry Demougin.

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Quelle est l’histoire de KR ?
KR est né en 1987, et nous arriverons au numéro 300 en septembre ! Je suis arrivé au numéro 174, et on m’a proposé de m’occuper du magazine au moment de la fusion entre Keyboards et Recording en 2005. Il y a même des journalistes qui sont là depuis le premier numéro ! Il y a encore de jolies signatures et des grands professionnels.

Tu es sensible à la qualité d’écriture ?
Oui, une belle plume c’est important. Savoir de quoi on parle c’est une chose, parler de technique c’est super mais il faut aussi pouvoir faire référence à du vécu, replacer les produits dans l’histoire des marques… La plupart de nos journalistes font beaucoup de musique à côté, ils ont donc une vision pertinente du matériel.

Le titre KR regroupe claviers et enregistrement. Quel rapport fais-tu entre les deux ?
A la fin des années 90, le membre qui gérait les machines et le son dans un groupe était en général le claviériste, puisqu’il avait l’habitude de programmer et d’utiliser la technologie. Désormais, tous les instrumentistes ont la possibilité de se mettre au home studio.

kr295As-tu senti une évolution de ton lectorat depuis 2005 ?
Les claviers, qui formaient la base du lecteur de Keyboards, sont devenus de moins en moins importants et ont laissé la place aux gens qui font de la prod. Restent des fanatiques de clavier vintage qui nous lisent assidûment depuis l’origine, mais il y a à l’heure actuelle beaucoup de DJ, beaucoup de guitaristes, de chanteurs. Nos lecteurs pratiquent tous les styles de musique imaginables, de la chanson à la musique purement électro. On le voit bien lorsqu’on fait l’appel à démo pour KR Découvertes.

Tu as senti le retour au vintage ?
Le vintage a toujours été là. Depuis qu’il y a des avancées numériques, il y a des puristes pour revenir à l’analogique. Ça a été un ping pong permanent entre les deux : on a vu des synthés émuler en numérique, des analogiques intégrés aux numériques… Désormais, c’est surtout le jeu qui est important. Une marque comme Moog reste importante, ou encore Arturia qui ont fait de grandes avancées dans le domaine des claviers de contrôle.

Parle-nous de KR Découvertes.
C’est une compilation qui a été lancée il y a quatre ans. L’idée a germé en partenariat avec la SACEM. Nous avons toujours soutenu l’autoproduction, beaucoup de gens se posent des questions sur ce qu’ils doivent faire de leur CD une fois qu’il a été enregistré. Le format de compilation nous permet de faire gagner dix artistes plutôt qu’un seul, et ce sont nos coups de cœur, nos découvertes. Woodbrass nous suit aussi dans cette aventure depuis un bon moment, puis Fender, la SAE et le Hard Rock Café nous ont rejoint. Le principe est simple : on fait un appel à démos, de ces démos on retient 80 morceaux qui tiennent la route. On laisse ensuite mûrir nos oreilles, on réécoute et on fait appel à des avis extérieurs, puis on sélectionne 25 démos qui sont cohérentes pour faire écouter à notre jury du point de vue de la production et de l’ouverture de style. On écoute tout ça pendant une demi-journée, on regarde les bios, chacun va voter et on décerne des points par vote. On discute ensuite de la tracklist pour faire un album cohérent avec un début et une fin.

kre0293krdecouvertes025okTu parais attaché à ce format de la compilation.
Oui tout à fait. Je trouve que les Inrocks ont fait un super boulot avec les compils CQFD, Nova aussi a été précurseur… Je pense que ça a du sens. D’ailleurs ça revient à la mode si l’on regarde les Cds promo que nous envoient les maisons de disque. Il y a la compil France Inter qui est une vraie tuerie. La musique électronique a bien compris le principe : on peut trouver une cohérence à partir de morceaux qui n’ont rien à voir, et même donner une dimension autre à des morceaux un peu fades en les reliant à d’autres titres. Ça permet de thématiser, de donner une âme à la compilation.

En quoi consiste exactement ton rôle chez KR ?
Mon activité est pluridisciplinaire : j’écris, je fais des interviews, je m’occupe du rubriquage, des news, des chroniques, des reportages. J’ai laissé tomber les bancs d’essai parce qu’il y a des spécialistes qui savent beaucoup mieux le faire. Aujourd’hui, le magazine est axé sur quatre univers : les news, la partie découverte (artistique et reportages), les tests et le dossier (qui change tous les mois) et la partie pédago. Je m’occupe de commander les textes, de faire les sommaires,  de faire le lien entre les services de fabrication, de marketing et de publicité, de valider les couvertures et de faire le suivi de production du magazine. Et tous les mois on recommence !

Je suppose que tu as aussi une vie artistique ?
Je suis violoniste, donc on pourrait s’imaginer que l’aspect claviers et studio ne me concerne pas trop. Je me suis mis au violon électrique et MIDI, donc j’ai un petit home studio dans lequel je fais un peu de prod, avec une interface M-Audio Fast Track, Ableton Live et GarageBand, des plug-ins et des banques de sons. J’ai des synthés mais je ne les sors plus très souvent : un E-MU Planet Phatt et un Roland SH-01. Je me suis aussi consacré à la musique avec mes enfants, et je suis de plus près les artistes en live. ça prend du temps de parler de la musique des autres.

No One Protests de Minh (May) ouvrait la compilation KR Découvertes 2013. à vous de jouer pour prendre leur place sur l’édition 2014 !

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