Voiture et guitare : le mariage parfait

Par Woodbrass Team

« I’ll give you everything, but my guitar and my car » (je te donnerais tout ce que je possède, sauf ma guitare et ma voiture), chantait Paul Rodgers sur le titre Woman de Free en 1969. Depuis les années 50, voitures et guitares sont deux éléments phares (oh le beau jeu de mot) de la culture américaine, deux symboles de l’équilibre parfait entre forme et fonction. Woodbrass vous propose ce petit tour d’horizon d’un sujet trop souvent boudé.

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Dans les deux cas, ce sont des objets de désir plus ou moins inaccessible, on commence par fantasmer dessus au magasin ou sur magazine et on finit par craquer un beau jour, puis on passe sa vie avec en lui faisant des éraflures qui sont autant de souvenirs. Pas besoin d’être fin psychologue pour voir le lien étroit entre guitares et voitures. Mais au fait, il n’y a même pas besoin de donner dans le Psychologie Magazine de bas étage pour trouver des liens : même les constructeurs se sont lâchés dans le domaine !

Gretsch invente la couleur
Tout commence en 1955 : à l’époque, le monde des guitares électriques était d’un chiant absolu, avec des guitares uniquement disponibles en sunburst ou, pour les plus originales, en noir et en blond (complètement foufou !). Bref, la fantaisie n’était pas à l’ordre du jour, malgré le côté novateur des designs de la Telecaster ou de la Stratocaster. Puis Gretsch a sorti son catalogue 1955, avec le modèle Country Club, et plus rien ne fut comme avant. Deux nouvelles couleurs sont venues affoler les musiciens les plus blasés : Cadillac Green et Jaguar Tan. Cadillac comme la marque qui appartient à General Motors ? Oui parfaitement. Jaguar comme les belles anglaises ? Oui aussi. Et il n’y a pas eu de procès ? Absolument pas, les temps ont bien changé ! L’idée est simple mais géniale : appliquer des couleurs de voitures sur les guitares.

Fender et les voitures
A l’autre bout du continent (eh oui, Gretsch était sur la côte Est, Fender sur la côte Ouest), Léo Fender n’en perd pas une miette. Le génial inventeur est toujours attentif aux idées nouvelles, et il se lance deux ans plus tard, avec un prototype de Jazzmaster en Fiesta Red, une couleur empruntée à Chevrolet. En 1958, le catalogue de couleurs Cadillac l’inspire durablement, et il tire la plupart de ses custom colors de ces teintes, parfois même sans prendre la peine de changer le nom : le Dakota Red, le Olympic White et le Daphne Blue se trouvent tous les trois dans le catalogue, et le Shell Pink provient quant à lui du catalogue Chrysler. Comparez les couleurs Cadillac et Fender, il y a un air de famille très clair :

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Il suffit de comparer le Daphne Blue sur la Cadillac Series 62 Deville de 1958 avec la Jazzmaster American Vintage (les deux sont sur la photo d’ouverture de l’article), on voit tout de suite que Fender n’est pas allé chercher bien loin. D’ailleurs, il a poussé le vice jusqu’à se fournir chez un spécialiste de la peinture automobile, DuPont (oui, le nom ne fait pas très américain, et pourtant !). Même quand il ne prend pas les noms officiels, les mélangent restent très inspirés, comme dans le cas du Lake Placid Blue. Comparez cette Cadillac Eldorado de 1957 et cette Telecaster American Standard… D’ailleurs Gibson n’était pas en reste non plus même si ils sont arrivés un peu plus tard. Eux ont trouvé le nom Pelham Blue pour se distinguer de Fender, mais le mélange est le même comme en atteste cette SG Standard Custom Shop.

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Mais l’inspiration ne s’arrête pas là : lorsqu’il conçoit son nouveau modèle haut de gamme, comment pensez-vous que Fender l’appelle ? La Jaguar ! Eh oui, on n’y pense même plus mais beaucoup d’entre nous jouent en fait sur des voitures ! Gibson a même poussé le bouchon encore plus loin avec un modèle de SG en série limitée inspirée de la Gordini, ce légendaire modèle de Renault (cocorico !).

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L’inverse (une voiture inspirée par une guitare) n’a pas été aussi courant, mais on retrouve en 2013 une édition limitée de la coccinelle co-signée par Volkswagen et Fender. Le logo de la marque de guitares y est partout, et il vante l’excellent système audio 400 watts qui équipe la voiture. Malheureusement, elle n’intègre pas un petit Princeton pour jammer dans les embouteillages.

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