Avant première NAMM 2014 : Gibson Les Paul Recording

par Julien Bitoun – Woodbrass Team

Parmi les nombreuses nouveautés dores et déjà annoncées par les différentes marques d’instruments avant le NAMM de fin janvier, une réédition particulière a attiré notre attention. Bienvenue dans le monde bizarre de la Les Paul Recording.

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Lorsqu’on parle de Les Paul, on pense forcément au modèle Standard sunburst de 59 ou à la Custom black beauty, voire à la Gold Top. Mais Les Paul lui-même, l’homme (puisque la Les Paul est le modèle signature de ce génial guitariste de jazz), ne s’était considéré satisfait du design que lorsque Gibson a sorti la Recording. « recording » signifie « enregistrement », et ce modèle est effectivement optimisé pour les contraintes de l’enregistrement studio. À ne pas confondre avec la Les Paul Studio, qui malgré une appellation assez proche est en fait une version moins coûteuse de la Les Paul Standard.

 

Un peu d’histoire

La Recording était étudiée pour une utilisation bien précise. Il faut dire que Les Paul était aussi un pionnier des techniques modernes d’enregistrement (il a inventé l’enregistreur multipiste!), et les outils qu’il utilisait devaient donc convenir à cette contrainte. D’entrée, lorsqu’il est sorti en 1972, le modèle a désarçonné les fans traditionalistes par son look particulier (pas de table flammée, une couleur noisette qui est alors inhabituelle sur la forme Les Paul). Côté technique, la grosse innovation de la Recording est l’utilisation de micros à basse impédance. En général, les micros de guitare électrique sont à haute impédance, ce qui fait qu’il faut passer par une DI ou un préampli avant d’attaquer une console de mixage. Avec les micros de la Recording, on peut se brancher directement dans une table (ou une carte son à l’heure actuelle) et obtenir un son exploitable. L’autre avantage est qu’on peut utiliser des câbles beaucoup plus longs sans perte d’aigus. En revanche, le son n’est pas exactement le même que celui d’une Les Paul traditionnelle : il est plus transparent, plus brillant, moins gras et épais.

 

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Les contrôles étaient aussi bien plus nombreux que sur une Standard. Logique si on considère que la Recording était faîte pour être branchée sur une console, sans passer par les correcteurs de l’ampli. Les correcteurs sont donc intégrés à l’instrument. On trouve bien sûr le sélecteur de micro, un volume général, mais aussi un réglage individuel pour les graves et un autre pour les aigus, un sélecteur d’impédance (haute ou basse), un sélecteur de tone (3 presets d’égalisation), un switch pour avoir les deux micros en phase ou hors phase et enfin un potentiomètre intitulé « decade » (décennie), supposé émuler les sons des vieilles Gibson. Entre son look inhabituel, ses contrôles complexes et le son peu convaincant qu’elle dégageait sur un ampli (puisque très peu de guitaristes avaient un studio à disposition à l’époque), la Recording ne s’est jamais imposée et elle a même disparu du catalogue en 1980.

 

I’m back

Mais voici la revanche de la Recording ! Plus de 40 ans après son lancement, elle revient dans une version revue et corrigée. L’électronique a été simplifiée (on garde un sélecteur en phase / hors phase, et on rajoute un split pour chaque micro et un ground loop pour éviter le buzz), voire amélioré (il y a deux sorties indépendantes, une à haute impédance et l’autre à basse impédance, idéal pour enregistrer une piste à l’ampli et une piste en direct), et elle est plus belle grâce au vibrato Bigsby, qui équipait à l’origine la Les Paul Personal, un premier pas vers la Recording qui n’aura pas vécu longtemps. La réédition est évidemment une forme d’hommage à Les Paul qui sera resté fidèle à ce modèle jusqu’à la fin de sa vie, mais aussi l’occasion de redécouvrir un classique souvent oublié à une époque où tout le monde a un studio dans son téléphone.

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