Par Woodbrass
Un test de produit Canon dans un webzine consacré à la musique ? M’enfin qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Eh bien justement c’est l’occasion de vous annoncer une excellente nouvelle : le géant japonais de la photographie s’intéresse enfin aux musiciens et saltimbanques de tous poils et présente une caméra numérique compacte avec une paire de micros stéréo qui permet enfin de filmer ses concerts sans subir un son qui craque tellement qu’il donne l’impression que le film a été tourné dans une boîte de céréales. Et alors, ça marche ? Suivez-nous, c’est ce qu’on va voir.
Alors je vous entend d’ici, comme si je n’avais aucune idée de ce qui existait déjà sur le marché : « mais si on veut un enregistreur vidéo avec un super son, il y a déjà le Q4 chez Zoom, blablablabla ». J’entends bien (enfin, de moins en moins, Fender Deluxe joué sur 6 oblige). N’empêche que Zoom est une marque d’audio avant tout, et même si le Q4 a une image infiniment meilleure par rapport au Q3 (voir notre comparatif ici), on sent que ces produits ont avant tout été conçus autour de l’exigence audio. Canon en revanche est exactement dans la situation inverse. Tout le monde connaît leur excellente série d’appareils photos EOS, notamment les 7D et 5D qui sont devenus des standards pour filmer des clips ou documentaires. Mais jusque là, le musicien qui investissait dans un de ces modèles devait impérativement prévoir un micro extérieur en complément tant le son des micros intégrés laissait à désirer. Les produits Canon étaient donc conçus avec l’image en tête avant tout, au point qu’il existe aussi un Legria Mini (sans le X donc) qui n’intègre pas les micros de qualité.
ah, Legria !
Legria est donc la principale série de caméras Canon, Legria Mini leur version compacte (et la Mini X fait effectivement la taille d’une pédale Boss). Enfin, le X fait allusion à la paire de micros intégrés qui garantissent une excellente image stéréo. Malgré ses 200 grammes seulement, le LMX paraît bien robuste, et ne donne pas la sensation « plastoc » de certains modèles concurrents. Pour ne rien gâcher, il est extrêmement bien conçu, et on sent que l’équipe Canon a cherché un concevoir un produit qui allait faire autorité plutôt qu’une référence remplaçable dans 2 ans (d’ailleurs le 5D fêtera bientôt ses 10 ans : même s’il a connu trois versions, c’est une belle preuve de longévité). Sous l’appareil, on trouve une trappe coulissante pour la batterie et la carte SD, ainsi qu’un adaptateur trépied et un socle sous forme de anse amovible pour faire basculer l’angle de prise, rendant superflue l’utilisation d’un trépied dans la plupart des situations. A l’avant, on trouve l’objectif (protégé par une trappe qui s’enlève automatiquement lorsqu’on allume le LMX, bien vu) entouré par les deux micros. Sur le côté droit, on trouve le glissoir de mise en marche (et pas un bouton, mieux donc), une entrée micro et une sortie casque (les deux au format mini jack), l’entrée pour l’alimentation externe et une molette sans fin pour régler le volume d’entrée du micro. Sans fin puisqu’il s’agit d’un contrôle numérique et pas analogique, en d’autres termes il contrôle la valeur qui apparaît sur l’écran et n’a pas d’effet si l’appareil est éteint. Sur le côté gauche, il y a un bouton rouge pour démarrer et arrêter l’enregistrement (fonction qui est aussi accessible via l’écran tactile mais le fait d’avoir un raccourci est très bienvenu), une trappe pour la prise USB (pour vider sa carte SD) et HDMI (pour regarder ses vidéos sur un écran) et enfin un bouton qui permet de passer du mode « enregistrement » au mode « lecture ».
Touch me
Reste l’écran tactile sur le dessus de l’appareil, et là on est dans du grand art côté pratique, puisqu’on peut le faire glisser pour l’orienter du même côté que l’objectif afin de s’autofilmer, et l’image se retourne automatiquement… Les bloggeurs et démonstrateurs de matos sans équipe de tournage à leur disposition apprécieront énormément. Tous les réglages importants sont immédiatement accessibles, à commencer par le zoom, le mode (caméra ou appareil photo) et le type de réglage de volume du micro (automatique ou manuel). Si on veut faire dans la dentelle, il y a pas mal de réglages disponibles, du type d’image (sports, aliments, macro…) au type de son (musique, festival, discours, réunion…) en passant par la qualité vidéo. Les réglages sont simples, voire un peu trop simplistes pour le connaisseur qui souhaiterait savoir dans quel format précis l’audio est enregistré (on a uniquement le choix entre compressé et non compressé). Mais il y a quand même de quoi s’adapter à toutes les situations visuelles, et malgré la petitesse des boutons virtuels sur l’écran on navigue sans souci même avec des gros doigts. Enfin, on peut contrôler le LMX à distance via une application Android / iOS, et là les choses deviennent carrément inquiétantes : on peut à la fois se servir de son OS comme d’une télécommande de luxe pour ne pas se lever entre chaque pris, mais on peut même voir ce qui se passe à l’endroit où on a laissé le LMX depuis son smartphone. En d’autres termes, vous avez ainsi une caméra de surveillance installable discrètement et à petit prix… Espérons que les musiciens utiliseront cette fonction à bon escient !
Pour de vrai
Et dans la vraie vie, ça donne quoi tout ça ? Disons le tout de go : c’est excellent. On peut se permettre de laisser les réglages audio et vidéo en automatique et le résultat ne sera jamais décevant on inutilisable. Le son est clair, l’image stéréo très bonne, et le seul léger bémol est le compresseur qui « pompe » un peu lorsqu’on passe vite d’un niveau sonore léger à un niveau beaucoup plus fort. Mais si on prend la peine de régler manuellement le niveau d’entrée, ce défaut disparaît. L’arme secrète du Canon est son objectif de type « fisheye », c’est à dire qu’il « voit » très large et que les côtés s’arrondissent. Autrement dit, il s’agit du réglage idéal pour voir une scène en entier en posant le LMX sur la scène plutôt que de le laisser sur un pied au milieu du public où il sera bousculé ou pire. Bien sûr, c’est un type d’image particulier à la personnalité marquée, mais c’est justement un choix très rafraîchissant dans la jungle des caméras qui se ressemblent toutes, en plus d’être un choix très pratique. La fonction zoom est bien plus que ça, puisqu’en plus de rapprocher du sujet, elle élimine le fisheye et permet donc « d’aplatir » l’image si besoin est.
Crash Test
J’ai donc fait le test en posant simplement le LMX à l’avant de la scène entre les deux paires de retours principales, sans même l’incliner et en branchant son adaptateur secteur sur la même multiprise que mon pedalboard. Je vous laisse juger du résultat par vous-même : c’est absolument bluffant ! Le Canon n’a pas bougé malgré mes coups de pieds appuyés sur la scène, et il donne une image très claire et fidèle de ce qui se passe sur scène. Le son est excellent, surtout si l’on prend en compte le fait que le LMX était placé à un endroit où l’équilibre entre les instruments n’est vraiment pas censé être idéal. Aucun montage ou synchronisation audio nécessaire, le concert entier peut être sur Youtube le soir même, et dans une qualité parfaitement regardable et écoutable… Si on prend en compte le fait qu’il n’y a même pas besoin de s’inquiéter de lui trouver une place dans la salle pour avoir une belle image, on se dit vraiment que le Legria Mini X est bien parti pour devenir l’outil indispensable pour les musiciens qui tiennent à soigner leur présence Internet (ô combien importante à l’heure actuelle)… Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître.