De ma chambre à la galaxie : toute la lumière sur les reverbs

Par Woodbrass Team

Quel que soit votre instrument de prédilection (et même si vous êtes ingé son et que vous ne jouez de rien d’autre que la console), la reverb fait partie de votre vie, que vous le sachiez ou non. C’est le bouton magique sur les amplis guitare et sono qui donne l’impression de jouer dans un stade, c’est l’effet qui donne un côté produit à vos prises en studio, et c’est tout simplement l’effet de l’endroit dans lequel vous jouez sur le son de votre biniou.

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La reverb est donc avant tout un phénomène naturel, le son qui rebondit sur les murs et les objets et vous revient dans les oreilles avec un léger décalage par rapport au son direct, créant une épaisseur caractéristique. Et comme nous n’avons pas tous la chance d’avoir une église à disposition chaque fois que nous souhaitons nous entraîner, des ingénieurs se sont penché sur des manières de reproduire cet effet de façon artificielle. Sur les consoles de mixage, dans vos multieffets ou dans les logiciels de home studio, vous trouverez toutes sortes de reverb avec des dénominations plus ou moins obscures. Cet article est là pour vous aider à y voir plus clair ! Voici donc les types de reverb les plus répandues.

Room : Comme son nom l’indique, Room reproduit l’acoustique d’une chambre, une pièce relativement petite dans laquelle le temps de reverb n’est pas énorme. La forme la plus ancienne de Room en studio est la vénérable chambre d’écho. Cet artifice, développé dans les années 30, consiste à réserver une pièce vide pour ajouter de l’écho aux enregistrements. On y passe le morceau dans une enceinte et un micro placé à l’autre bout de la chambre apte le son réverbéré, qui est ensuite mixé avec le son d’origine. Phil Spector (producteur des Ronettes, de Ike & Tina Turner, des Beatles et de Lennon ou Harrison en solo) était le spécialiste de la Room, utilisée à très forte dose sur tous ses enregistrements. L’avantage de la Room est que son temps de reverb court donne de l’ampleur sans noyer le mix et sans perdre en définition de l’attaque, l’idéal pour des morceaux rapides ou qui contiennent beaucoup d’informations. La Roommate de T-Rex est une très belle Room sous forme de pédale d’effet guitare, et la lampe intégrée permet de réchauffer le signal de manière discrète et efficace.

Hall : Là encore le nom est assez clair. Hall est une salle de concert plus ou moins grande, mais toujours plus large que la Room. Certains constructeurs vont même jusqu’à différencier leur Hall entre Small Hall (un petit gymnase par exemple) et Large Hall (une salle d’opéra), et spécifient même la salle de concert dont s’inspire le patch. Il existe aussi des Hall appelés Church, qui reproduisent donc l’incroyable richesse harmonique d’une réverbération d’église. Le Hall est abondamment utilisé pour les enregistrements de musique classique, pour se rapprocher de l’expérience unique d’un beau concert face à l’orchestre, mais on peut aussi l’utiliser en pop pour les morceaux plus lents et intimistes, voire comme un effet spécial pour simuler une grotte ou un hangar. On trouve des très beaux Hall chez Lexicon, dont le rack PCM96 reste un classique indétrônable.

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La Lexicon PCM96 : le classique des studios qui prennent leur reverb au sérieux

Plate : La reverb Plate (réverbération à plaque en français) est une énorme boîte dans laquelle le son est envoyé et fait vibrer une plaque métallique. Le gros avantage de la Plate est qu’elle donne une belle reverb enveloppante sans le pre-delay initial de la Hall, ce qui permet de conserver une bonne attaque. On peut donc l’utiliser sur une partie de chant ou de batterie afin de simuler un très grand espace sans rendre le mix confus pour autant. Le grand classique du genre est la EMT 140, une énorme boîte de plus de 300 kilos que l’on entend sur énormément de productions. La version plugin de Universal Audio est la meilleure émulation à l’heure actuelle.

reverb2Deux EMT140 côte à côte : 600 kilos de reverb !

Spring : La réverbération à ressort est la moins naturelle de toutes. Elle émule un effet déjà destiné à émuler une reverb plutôt qu’un espace existant. Cependant, les guitaristes ont tellement été habitués à son côté aquatique par le biais des reverbs à ressorts intégrées à leurs amplis qu’elle est devenue indispensable. Le principe est encore une fois très simple : le signal est envoyé à travers un ou plusieurs ressorts dans une boîte et un capteur transmet la reverb résultante. La Spring produit un écho spongieux qui semble dégouliner, et donne l’impression d’une vague déferlante lorsqu’elle est réglée de manière extrême. Elle est devenue indissociable de la musique surf des années 50 et 60 (The Ventures, Dick Dale, The Beach Boys), et revient à la mode entre les mains expertes des Black Keys et de Jack White. Fender propose encore sa reverb à ressort qui n’est pas très pratique mais sonne magnifiquement, et les émulations pédale abondent et sont de bonne qualité, notamment la Boss Fender Reverb ou la Wampler Faux Spring Reverb.

Les autres : Ces quatre reverbs sont les plus répandues mais on trouve encore de nombreuses autres dénominations. Il y a la Gated Reverb qui a donné le son typique des toms et caisses claires des années 80, ou la Reverse Reverb, une reverb qui vient avant le son d’origine pour un effet d’absorption fascinant. On le retrouve souvent sur des coups de cymbale avant une reprise post-break en metal, ou sur une voix pour un effet fantomatique. Avec des groupes comme les Grizzly Bears, la tendance actuelle est aux très longues reverbs chaudes et enrobantes, mais à vous de trouver la couleur de reverb qui conviendra le mieux à vos productions… à vos marques, prêts, réverbérez !

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