Ibanez : toujours à la pointe

par Patrick McManus – Woodbrass Team

à l’heure actuelle, Ibanez est connu comme la marque qui repousse toujours plus loin les limites de l’entendement guitaristique à coups de guitares à 9 cordes ou 30 frettes. Mais d’où vient cette vénérable marque, et comment en est-elle arrivée à de tels extrêmes ?

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Vu le nom, on pourrait tout à fait imaginer que Ibanez trouve ses origines dans l’atelier d’un luthier espagnol du 17è siècle, du genre Pepe Ramiro Ibanez qui fabriquait ses guitares 9 cordes en huile de coude véritable. En réalité, Ibanez est une marque japonaise et l’a toujours été. La marque Salvador Ibanez vient bien d’un luthier espagnol dont Hoshino Gakki importe les instruments à partir de 1929, mais en quelques années Ibanez est effectivement devenu le nom choisi par les japonais pour conquérir le monde.

Des copies aux originales

Après avoir fourni des instruments classiques aux magasins de musique, Ibanez se lance dans la guitare électrique à la fin des années 50. à l’époque, la manufacture japonaise est tellement moins chère que la main d’oeuvre américaine qu’Ibanez devient la marque de prédilection des débutants à la recherche d’un instrument ressemblant aux belles américaines. Ibanez fait fabriquer ses instruments dans diverses usines et installe petit à petit sa marque, puis à la fin des années 60 il se fixe sur l’usine FujiGen Gakki (dont la réputation de qualité de fabrication est désormais mondiale). Commence alors l’époque des fameuses “lawsuit” (“procès”), en référence aux pressions de la part de Gibson pour qu’ils arrêtent les copies à l’identique de leurs instruments stars. Il faut dire que les copies marquées Ibanez de l’époque sont assez bluffantes et s’échangent à l’heure actuelle au prix fort. Ils ont même poussé le vice jusqu’à copier des instruments plutôt obscurs de chez Gibson, tels que la SG double manche ou la Explorer.

Endorsements à go go

Mais Gibson gronde et Ibanez ne se sent pas de taille à se lancer dans un procès perdu d’avance. Ils décident donc de se consacrer à leurs propres modèles et développent donc en profondeur les séries Musician, Performer et Roadster. On y trouve des modèles à manche traversant et électronique ultra complexe (dont un préampli développé avec l’aide de Bob Weir du Grateful Dead), ainsi que des modèles inspirés de la Strat avec des micros doubles, un premier pas dans la direction des fameuses superstrats. Mais c’est la collaboration avec les artistes qui va propulser Ibanez au premier rang des marques à suivre. George Benson d’abord, qui les approche avec le projet d’une guitare hollow body de taille réduite. Ils conçoivent donc ensemble le fameux modèle GB, toujours d’actualité, qui est une guitare jazz de taille Les Paul. Ils endorsent même Paul Stanley de Kiss avec leur modèle Iceman, à ce jour leur forme originale la plus barrée. C’est aussi à cette époque qu’ils se lancent avec succès dans le marché des effets, et leur pédale la plus connue est bien évidemment la Tube Screamer, qui reste la référence absolue à l’heure actuelle.

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La guitare que JEM

Viennent ensuite les virtuoses du hard rock de l’époque, toujours à la recherche d’instruments plus performants et faciles à jouer. Paul Gibert, Joe Satriani et surtout Steve Vai, dont le modèle JEM montre bien que Ibanez est prêt à tout essayer pour satisfaire les demandes de ses endorsés. Ce modèle présente une forme de strat mais plus fine et tranchante, un manche ultra fin, les dernières cases scallopées, la poignée « monkey grip » visuellement incontournable, une configuration de micros deux doubles / un simple et une découpe derrière le vibrato Floyd Rose pour tirer sur les notes. L’instrument, sorti dans des couleurs ultra flashy, est un énorme succès et en 1986 Ibanez le décline sous une forme économique, la RG550. La personnalité Ibanez comme une marque d’instruments rapides et suréquipés se définit à cette époque, et les pubs montrant les stars de la guitare shred avec une de leurs grattes en main aident bien le nom à s’installer dans les consciences.

Une corde en plus

En 1987, un deuxième modèle conçu avec Steve Vai fait son apparition : la Universe. Il s’agit de la première solid body sept cordes fabriquée à grande échelle. Le succès se fait attendre, et la marque pense même à arrêter le modèle, mais à partir du milieu des années 90 avec le succès de groupes comme KoRn ou Limp Bizkit, la 7 cordes devient l’instrument indispensable du néo métal. Dans les années 90, Ibanez se promène aussi du côté de la scène underground avec des endorsés comme les guitaristes de The Offspring ou J. du groupe White Zombie. A l’époque, John Petrucci de Dream Theater développe aussi un modèle chez eux.

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Vers l’infini et au-delà

La décennie 2000 compte aussi son nombre d’endorsés prestigieux comme les guitaristes de Dragon Force, mais elle est aussi l’occasion de réviser les modèles des partenaires historiques qui continuent de défendre les couleurs d’Ibanez partout dans le monde. En 2007, la RG2228 lance un nouveau pavé dans la mare avec la première huit cordes disponible pour le grand public. A l’heure actuelle, l’utilisation de ce style d’instruments s’est généralisé dans le sillage de Meshuggah et Animals As Leaders. La marque reste donc à la pointe de l‘innovations, et a récemment présenté des modèles qui ont fait beaucoup de bruit dans les années du NAMM : la RG550HX qui présente 30 cases accessibles, ainsi qu’un prototype de guitare 9 cordes… affaire à suivre donc !

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