Par Woodbrass Team
Impossible d’être passé à côté, et c’est une excellente nouvelle pour le paysage musical français : les quatre niçois de Hyphen Hyphen ont mis le feu aux poudres avec le single ultra catchy Just Need Your Love, et l’album Times développe un univers déjà très personnel. Santa (chant/guitare), Adam (guitare), Line (basse) et Zaccharie (batterie) écument depuis les scènes de France et de Navarre, dévorant les kilomètres avec une énergie contagieuse. En pleine répète entre deux dates, Santa nous a accordé quelques minutes passionnantes d’interview à l’occasion de la présence du groupe sur la couverture du Guide d’Achat Woodbrass Hiver 2017.
Sur quelles influences êtes-vous tombés d’accord à la formation du groupe ?
Nos débuts c’était il y a cinq ans à la sortie du lycée et c’était punk, dans la lignée de la génération anglo-saxonne qui partait de Metronomy, The Klaxons et qui se poursuivait en France avec Phoenix. C’était une musique relativement simple à jouer qui donnait beaucoup d’énergie, parfaite pour apprendre le métier de musicien et d’entertainer. On ne s’est pas posé plus de questions que ça. On voulait juste délivrer le plus d’énergie possible, entre Nina Hagen et Talking Heads. Nos premiers concerts étaient bien punk, on ne s’en souvient plus d’ailleurs !
Les peintures du guerre étaient déjà présentes au départ ?
Oui, dès le premier concert ! C’était une manière de trouver une esthétique pour prolonger notre musique, de trouver une cohérence entre nous quatre et un cri de ralliement pour se donner du courage.
Quelles sont tes guitares principales ?
On s’est fait prêter des guitares par Gibson, ce qui nous permet de tester pas mal de modèles. Adam, le guitariste, a toujours joué sur Gibson et sa principale est une ES-335 de 1991. Ma principale était une Jacobacci. J’ai hérité des guitares de mon oncle décédé, ce sont de véritables bijoux. La Jacobacci est merveilleuse mais j’essaie de la ménager. Nous avons dû faire 500 dates, et j’ai dû en jouer 300 dessus, j’en prends mieux soin désormais ! Avant je jouais du clavier, mais désormais Adam a un clavier maître et un ordinateur, je peux donc me concentrer sur la guitare.
J’ai aussi vu que tu avais une Stratocaster.
Celle-ci aussi vient de mon oncle. Le manche a été refait par un luthier, et le corps provient d’une Strat des années 70. Elle sonne extraordinairement bien, je n’ai jamais retrouvé un son comme ça.
Tu as aussi une Gibson ES-Les Paul gold top. Que t’amène-t-elle ?
Elle est très polyvalente, elle bouge très peu et les micros marchent d’enfer. Avec mon Fender Twin Reverb, ça sonne partout et dans tous les cas. Quand une salle tourne dans les graves je peux en enlever très facilement.
Tu es souvent obligée de t’adapter à l’acoustiques des salles dans lesquelles vous jouez ?
Tout le temps ! Souvent je retire ma reverb et je laisse notre ingénieur du son la lancer lui-même. On a fait tellement de dates qu’on sait s’adapter, et on lui fait une entière confiance, notamment au niveau de la voix. A un moment on avait un multieffet VoiceLive mais maintenant on ne passe que par ses effets Universal Audio et tout notre son est calibré morceau par morceau. Grâce aux résidences on a eu l’occasion de bien travailler là-dessus.
Quel est le reste de ta chaîne sonore ?
C’est extrêmement simple : j’ai une pédale d’accordeur, le footswitch de mon Fender et une pédale de trémolo.
Quel est ton micro de scène ?
Je suis tombée littéralement amoureuse du Telefunken M80. Il a un côté un peu bling bling, il est tout doré et je ne m’en lasse pas.
Comment gères-tu la contrainte de conserver ta voix sur la route ?
La contrainte c’est la fatigue ! Je ne travaille pas du tout ma voix et on ne se ménage pas, là je parle grave donc, mais ça n’est pas grave, ça revient en deux mois… Tant que ça marche, ça marche ! Je veux rester le plus naïve par rapport à ça, je n’étais même pas censé être la chanteuse, ça s’est fait comme ça.
Adam et toi avez-vous adapté vos sons de guitare de façon à ce qu’ils fonctionnent l’un avec l’autre ?
Il reste le soliste, donc le son de sa guitare est plus tranchant et aigu. Il fait aussi très bien les grands accords trémolo ambiance cowboy, avec beaucoup de bas médium.
Avez-vous de quoi enregistrer chez vous ?
On a pas mal de matos puisqu’on a notre home studio, mais on fait la majorité du travail « in the box », dans la machine, par plugins et sur Ableton Live. On a pas mal de cartes sons pour avoir chacun notre espace de création, et on a toutes les guitares, les basses de Line et la batterie de Zac. On peut enregistrer, on a un petit kit de micros et un micro chant Rode. C’est uniquement pour maquetter, mais la prise est souvent mieux sur les démos et il nous arrive de garder des prises qu’on ne peut pas refaire mieux, même sur 400 000 euros de matos dans un studio ! On a des enceintes Focal d’entrée de gamme et on les amène toujours en studio, c’est un très bon repère pour nous. Elles sont rudes, elle ne font pas de cadeau mais par contre quand ça sonne là-dessus, ça sonne partout !
As-tu l’impression qu’à force de les jouer les morceaux du premier album ont pris un nouveau visage ?
Oh oui, absolument ! On les a tous réarrangés, c’est un jeu pour nous. C’est notre ambition que de faire le plus gros show possible et donc d’adapter nos lumières au show. La liste de notre matériel sera sans doute très différente si on refait une interview dans un an, nous sommes avides d’achats pour avoir le plus gros show possible ! D’ailleurs nous n’hésitons pas à concevoir notre propres machines pour arriver à nos fins : on joue beaucoup avec l’électronique sur scène, et on trouvait ça un peu dommage de voir un DJ qui actionne des boutons sans qu’on comprenne pourquoi. Nous avons donc créé ces deux boîtes en plexiglas divisées en huit pales, et chaque pale envoie un signal MIDI aux ordinateurs ainsi qu’un signal lumineux. C’est plus interactif et cette recherche va continuer, on a plein d’idées pour la suite, pour rendre notre show plus intéressant sans avoir à n’utiliser que de la vidéo.
Avez-vous déjà une idée de ce que va donner le prochain album ?
Pas du tout, on se laisse toutes les libertés possibles. Je pense que ça sera plus tranché et peut-être plus pop d’un côté, plus tiré par les cheveux de l’autre. On cherche tous des concepts pour faire évoluer notre musique dans la direction de quelque chose de plus direct, plus instantané.
Quels sont tes 5 albums préférés ?
Remain in Light de Talking Heads, Best Of de Rod Stewart, Dark Side Of The Moon de Pink Floyd, Bad de Michael Jackson et Exile On Main Street des Rolling Stones.
Excellente interview ! Santa vient de sortir sa première chanson en français, je ne sais pas si tu avais eu l’info : https://www.youtube.com/watch?v=5RM8GCD6xQM