Par Woodbrass Team
Ça n’est pas tous les jours qu’on a la chance d’interviewer le fondateur d’une des plus grandes marques de guitares au monde. Léo Fender et Orville Gibson ne sont plus de ce monde, mais Yoshi Hoshino, qui est à l’origine de l’existence des guitares Ibanez comme des batteries Tama, est encore bien vivant, au point qu’il continue de se tenir à la pointe de l’actualité musicale, d’où la pertinence des nouvelles Ibanez. Nous avons eu la chance de rencontrer Yoshi à l’occasion de sa visite dans les Woodbrass Stores.
Un des moments les plus importants de l’histoire d’Ibanez est lorsque vous êtes passés des copies aux modèles originaux. Beaucoup de gens attribuent cette transition au procès avec Gibson mais en réalité c’était déjà le cas avant ça, n’est-ce pas ?
Nous avons effectivement commencé par des copies de Fender et Gibson, qui sont les symboles-même de l’histoire de la guitare électrique. Nous avons tenté de nous rapprocher le plus possible des originales. Mais en parallèle de ça, nous avons créée des guitares Ibanez bien à nous : nous n’étions pas fier de notre marque en produisant des copies, il a fallu passer par la création pour ça. A l’époque, le nom Ibanez n’était pas connu du tout, et nous rêvions déjà que notre nom devienne important dans l’industrie de la guitare. Les premiers modèles originaux ont été produits en très petites quantités, par conséquent certaines personnes les recherchent comme des pièces de collection.
Vous avez toujours sorti des produits innovants, et au vu de votre stand au NAMM (qui présentait un prototype avec Kaoss Pad intégré et des guitares à neuf cordes), vous n’êtes pas prêts de vous arrêter.
Dès le départ, notre politique a toujours été d’écouter les musiciens pour savoir ce dont ils ont besoin. Nous tentons toujours de nous rapprocher de ce qu’ils espèrent trouver dans leur instrument : seul un musicien sait ce dont la musique a besoin. Nous suivons aussi les modes musicales de très près : à l’heure actuelle, la EDM (electronic dance music) est très à la mode, et nous avons donc réagi avec notre guitare à Kaoss Pad intégré. Le djent (ndr : un genre metal extrême caractérisé par une approche très rythmique et des accordages très bas, les stars de ce mouvement son Meshuggah et Animals As Leaders, deux groupes endorsés Ibanez) est aussi en vogue, et nous proposons donc des modèles à 8 et 9 cordes.
J’imagine que votre politique de modèles signature est une aide précieuse dans cette recherche de coller aux tendances.
Absolument. Le musicien se tient au courant, et il veut se démarquer parmi des centaines d’autres musiciens. Il cherche quelque chose de différent, il a des idées et nous l’écoutons. Si nous le pouvons, nous partons de ces idées et créons un modèle signature, en développant une relation amicale avec lui.
Vous avez sorti des modèles comme la Iceman qui sont devenus légendaires. Pourquoi ne pas vous êtes lancés dans la réédition de vos références vintage ?
(il murmure) ça arrive ! (rires) Fender et Gibson ont une centaine d’années d’histoire. Ibanez est beaucoup plus jeune, mais nous approchons des soixante ans. Le temps est donc venu de développer des rééditions. Il y a tellement de choses que nous voulons faire, et nous y allons donc petit à petit.
Ibanez est devenu une marque énorme, et vous avez donc une véritable responsabilité à l’égard de vos fans. Y a-t-il des modèles que vous avez conçus mais qui ne sont pas sortis ?
Oui bien sûr ! Nous avons par exemple conçu un modèle qui était trop proche d’une Stratocaster et nous nous sommes rendus compte que ça n’était pas l’identité Ibanez.
Quel a été le point à partir duquel vous vous êtes dit qu’Ibanez allait devenir une grande marque ?
Nous avons avant tout réalisé le potentiel de la marque en voyant nos instruments entre les mains de grands musiciens. Il y a eu George Benson et Steve Miller, puis nos amis proches : Steve Vai, Joe Satriani et Paul Gilbert.
Joues-tu d’un instrument ?
Non, je ne suis pas musicien. Malheureusement, je n’ai aucun talent musical. Mais j’adore la musique, j’en écoute tout le temps, et je me tiens au courant de ce qui se fait du heavy metal à la dance.