Par Woodbrass Team
Parmi la pléthore de stands de microphones présents au NAMM, l’un d’eux attirait bien plus de monde que ses voisins, alors que la marque vient d’apparaître. Mais les britanniques de Aston Microphones ne sont pas vraiment des nouvelles têtes dans le milieu, puisqu’ils ont conçu les micros SE Electronics pendant une quinzaine d’années. Ils ont désormais lancé une gamme de deux modèles fabriqués en Angleterre pour un prix défiant toute concurrence, et surtout le son est à la hauteur. Nous avons rencontré le fondateur de la marque James Young qui nous a raconté la belle histoire d’Aston.
Comment est né Aston Microphones ?
Je faisais partie des fondateurs de SE Electronics il y a 15 ans, je m’occupais du marketing et des ventes à l’échelle mondiale et j’ai aussi beaucoup participé au développement. Il y a un an et demi, nous avons eu notre réunion trimestrielle en Chine, et nous nous sommes fait avoir par notre fabricant qui a décidé de passer en direct avec les clients sans l’intermédiaire de distributeurs. En janvier 2015 nous nous sommes donc réunis avec les autres fondateurs et nous sommes dit « nous avons construit cette marque, nous savons ce que nous faisons, après 15 ans d’expérience nous savons quelles erreurs éviter », et nous avons décidé de nous lancer dans une fabrication au Royaume Uni, ce que personne ne faisait à l’exception de très rares marques boutique. Mais nous voulions aussi que les micros soient abordables. Le Origin est donc à 269 euros et le Spirit à 399. Nous les avons conçus et sortis en moins d’un an, et le succès a été immédiat. Nous avons une meilleure distribution et beaucoup plus de gros revendeurs qu’à l’époque de SE.
Comment arrivez-vous à des prix pareils pour du Made In The UK ?
Nous avons dû revenir à la base de la conception. Si nous avions essayé de faire comme tout le monde, c’est-à-dire de prendre un micro chinois générique en mettant notre marque dessus, ça nous aurait coûté plus cher et le micro n’aurait pas été mieux. Nous avons donc été obligés de repenser la construction du micro depuis le départ, en adoptant des méthodes radicalement différentes. Il n’y a pas de peinture par dessus parce qu’il est suffisamment bien conçu pour ne pas en avoir besoin, le corps en acier inoxydable a tourné dans une machine proche d’un engin de tombola, et le châssis n’est pas couvert non plus, ce qui représente une économie non négligeable mais permet aussi de proposer un micro bien plus solide. C’est de l’inox et le micro gardera donc le même aspect pour des années.
Cette manière de reprendre le design a zéro serait-elle possible avec une fabrication chinoise ?
Je n’aimerais pas avoir à reproduire nos micros en Chine ! Nous avons 13 fournisseurs en Angleterre, et tous travaillent en suivant nos exigences de très près. Tu n’imagines même pas le temps que nous avons passé en aller-retour avec eux pour avoir la bonne grille qui fasse aussi office de filtre antipop, si je n’avais pas été sur place ça aurait été impossible. Nous avons aussi profité de la proximité géographique pour faire tester les prototypes par un panel de 33 des meilleurs producteurs et artistiques britanniques pour affiner le rendu sonore.
Comme définirais-tu la différence sonore entre le Origin et le Spirit ?
L’Origin et le Spirit sont très différents. Leurs circuits sont différents, leurs capsules sont différentes et leurs sons n’ont rien à voir. L’Origin est un des micros les plus purs que j’aie entendu, il brille vraiment, très naturel sans pour autant être clinique, comme un micro à ruban en plus brillant. Le Spirit sonne quant à lui avec des aigus bien ouverts, parfait pour capturer le brillant des harmoniques d’un instrument ou pour un style comme la pop.
L’écran anti-réflexions Halo est le troisième produit de votre gamme actuelle.
Cela faisait trois ans que je travaillais avec SE pour tenter de perfectionner leur écran puisque le design datait un peu. Je m’en servais en tant que musicien et je voyais clairement où se situaient les problèmes. Pour commencer, je voulais une protection qui englobe aussi le haut et le bas, pas seulement les côtés, sans quoi la moitié du son s’enfuit immédiatement dans la pièce. Le Halo est bien plus grand, il fait 54 centimètres de long, et il enveloppe le micro dans toutes les directions. Il est plus profond, il y a donc beaucoup plus de matière dans son épaisseur, et il est recyclable à 70%. La matière que nous utilisons est un design propre, nous avons déposé un brevet et personne d’autre ne peut l’utiliser. Le Halo est aussi plus équilibré que beaucoup d’autres écrans, même sur un pied de micro pas cher. Pour ne rien gâcher il est beau, ce qui est très important pour donner au chanteur l’envie de se surpasser.
Tu es toi même musicien, n’est-ce pas ?
Je joue de la guitare et de la batterie. Je viens de terminer un album qui a été mixé par Bob Clearmountain, Chris Porter et Andy Bradfield ! J’aime les singer / songwriters comme James Taylor, Joni Mitchell ou Cat Stevens, des vraies cordes, des pianos acoustiques et toute cette esthétique.
As-tu utilisé des microphones Aston pour enregistrer cet album ?
L’enregistrement a eu lieu au cours des deux dernières années, j’utilisais donc encore des SE. Mais je viens de commencer à faire le suivant, et j’ai été très surpris d’entendre que le Origin est le meilleur micro vocal que je n’ai jamais eu. D’ailleurs, les ingénieurs et les artistes qui ont eu l’occasion de le tester le comparent à des micros bien plus chers plutôt qu’aux concurrents directs.