Main Square Festival – 1er jour

Par Woodbrass Team

Avec Iron Maiden en tête d’affiche et un line-up composé de Ghost, Mastodon et Alice In Chains, la programmation de ce premier jour de la dixième édition du Main Square Festival ne laissait aucun doute planer : le métal était clairement à l’honneur. Nous ne pouvions passer à côté de cette très belle affiche et avons donc enfilé nos lunettes de soleil, nos chapeaux de paille et t shirts à zombie apparent.

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Arras, tout au nord de la France. 43 000 habitants. Sauf pendant les quatre jours du Main Square Festival, qui attire tous les ans la bagatelle de 100 000 festivaliers. Je vous laisse imaginer le changement de décor radical pour les locaux… Le festival existe depuis 2004, et se déroulait à l’origine sur la place centrale de Arras, d’où le nom, mais le nom est resté alors que les concerts ont lieu à la Citadelle depuis 2010. Il est progressivement devenu une des grandes références avec lesquelles il faut compter. La venue de Metallica a l’été 2008 (en exclusivité française), de Pearl Jam et Prince en 2010, puis la présence de têtes d’affiche comme Green Day, Sting, Coldplay ou Linkin Park ont transformé Arras en épicentre temporaire du rock mondial. C’est reparti pour une dixième édition, avec une affiche qui ne démérite pas et un premier jour résolument métal. C’est parti !

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Ghost fait peur à tout le monde
Contrairement aux trois jours à venir, les quatre concerts du premier jour se déroulent uniquement sur la scène principale. Moins de groupes donc, mais vu la sélection on n’est pas volé. On commence par Ghost, le groupe le plus récemment apparu de l’affiche puisqu’ils n’en sont qu’à deux albums et qu’ils ne commencent à faire vraiment parler d’eux que cette année. Ils méritent d’ailleurs amplement qu’on parle d’eux, tant ils représentent la relève du genre. Les suédois remettent le grand guignol au goût du jour, dans la lignée des Kiss et autres SlipKnot : les cinq musiciens sont en robes monacales avec des masques sur le visage dignes de la scène d’orgie de Eyes Wide Shut. D’ailleurs ils sont encore anonyme pour l’instant, et comme toujours dans ce genre de situations les rumeurs vont bon train (vu que Dave Grohl a produit leur dernier EP, il joue forcément aussi avec eux, non ?). Seul le chanteur, surnommé Papa Emeritus, est à visage presque découvert : il est déguisé en pape et maquillé en squelette. Et il a un charisme suffisant pour vous glacer le sang dans ses mouvements très lents et solennels. Le groupe n’est pas tombé dans le piège du black metal qui irait avec cette image, et donne plutôt dans le thrash à l’ancienne, mâtiné de messes sataniques (façon Jerry Goldsmith sur la bande originale de La Malédiction) et de voix claire très mélodique. Les titres sont catchy, puissants, et le public rentre comme un seul homme. Le matos utilisé reflète cette approche plutôt vintage, avec batterie Ludwig transparente (mais cymbales Meinl bien métal quand même) et deux Gibson assorties pour les deux guitaristes, l’une blanc et l’autre noire. Des Les Paul ? Que nenni ! Des RD ! Ce modèle, lancé en 1977, a été un flop total malgré son utilisation par Jimmy Page puis Dave Grohl. Mais vu le son énorme qu’en tirent les deux goules masquées de Ghost, il y a de fortes chances pour que la marque de Nashville tente une réédition… Chose suffisamment rare pour être appréciée, la basse est très en avant, avec quelques passages où elle est seule. Le son bien gras et mordant de la Fender Precision noire (à tête assortie s’il vous plaît) ressort du mix sans souci. On sent Ghost parfaitement décomplexé face à tous les poncifs du genre, et ils mélangent allègrement pop, new wave et thrash sans que personne ne hurle au lèse-majesté. Enfin, le public hurle dès qu’un des guitaristes prend un solo, et ça c’est beau.

Mastodon écrase tout sur son passage
Les américains de Mastodon prennent la relève, et ils ne sont clairement pas venus pour plaisanter : trois des quatre musiciens chantent, et ils envoient leur sludge progressif avec une maîtrise et une conviction impressionnantes. Ils ouvrent sur Black Tongue, extrait de leur avant-dernier album, mais oseront quand même trois passages par leur petit dernier, Once More ‘Round The Sun, tout frais sorti des bacs. Les amplis étaient cachés hors scène pour Ghost, là ils sont de retour avec une vengeance à prendre : on compte dix enceintes 4×12 Orange (les modèles noirs), deux enceintes basse TC Electronic et deux Mesa Boogie. De quoi amplifier quoi… La Tama (cymbales Meinl là aussi) ultra décorée habille parfaitement la scène, et les guitaristes ont tous sorti leurs collections de merveilles, Warwick côté basse et Gibson uniquement pour les deux autres. Pour Bill Kelliher, c’est d’abord une Les Paul Custom qui a bien l’air d’être TV Yellow, ce qui est très inhabituel et classe, puis une Standard sunburst avec accastillage doré et enfin une Les Paul Custom silverburst. Mais le roi incontesté du silverburst c’est son collègue Brent Hinds, qui après sa superbe SG Custom blanche à trois micros a empoigné une SG silverburst qui paraissait dater des années 80 par sa forme, et enfin une Flying V Custom silverburst elle aussi. Là encore, c’est du classique, de l’efficace et du très beau. Le son est riche et puissant, loin des sons creusés des années 80. La musique de Mastodon est exigeante, elle suppose que l’auditeur s’accroche à travers les structures tortueuses, mais le public du Main Square Festival adhère, et les pogos commencent à s’animer au milieu de leur set.

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Alice In Chains met une sale ambiance
L’ambiance s’assombrit d’un coup avec l’arrivée des vétérans d’Alice In Chains. Alice séparée, Alice endeuillée, Alice reformée et ce soir Alice libérée ! La puissance des riffs lents et lourds du groupe est impressionnante, les quatre des Seattle sont vraiment le Black Sabbath des années 90. William DuVall, le chanteur qui a la lourde tâche de remplacer le regretté Layne Staley, s’en sort avec les honneurs, et sa voix s’harmonise parfaitement avec celle du riffeur en chef Jerry Cantrell. Ce dernier donne lui aussi dans la Les Paul (une Custom burgundy), mais il brise enfin le monopole de Gibson en arborant ses fameuses G&L Rampage, avec leur vibrato Khaller et leur micro aigu unique. DuVall ne joue pas sur tous les titres, mais quand il joue c’est sur Framus et (oh surprise !) sur Les Paul, une magnifique Standard sunburst. A la basse, Mike Inez branche sur Warwick sur Ampeg, et se permet une configuration d’enceintes qui hante sans doute les cauchemars de ses roadies, puisqu’on y trouve deux frigos de 8×10 et quatre énormes hauts parleurs de 15 pouces. Leur show passe à toute vitesse, et chaque titre est un tube, avec mention spéciale pour le monumental Check My Brain, dont le riff est une idée brillante d’une simplicité lumineuse.

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Iron Maiden et les monstres gentils
Le temps d’une petite pause fricadelle (n’oublions pas que nous sommes dans le Nord), et il est l’heure d’accueillir Iron Maiden, qui présente pour la deuxième années consécutive son spectacle Maiden England, qui reprend la setlist de leur tournée de 1988 (à quelques petites exceptions, notamment Fear Of the Dark qui n’existait pas à l’époque). Nous sommes donc plongés dans l’ambiance antarctique de Seventh Son Of A Seventh Son, l’album le plus progressif et chargé en claviers des légendes du heavy metal britannique. Les six ont beau passer leur vie sur la route (impressionnant le rythme auquel ils enchaînent les tournées), ils parviennent tout de même à donner une performance ultra énergique, avec mention spéciale pour le chanteur Bruce Dickinson qui, non content d’avoir une voix intouchable et des costumes insassumables, arpente la scène dans tous les sens, parle français et hurle à tout rompre « Scream for me Arras ! ». La batterie, une Premier bleu glacial, est assortie au décor, jusqu’au logo Paiste sur le gong bleu et dans le lettrage du nom du groupe. Steve Harris ne lâche pas sa Fender Precision blanche qu’il fait toujours galoper sans que l’on comprenne comment il fait pour aller si vite sans utiliser de médiator. Les trois guitaristes rétablissent la balance du côté fenderien de la force : Stratocaster noire, blanche puis sunburst pour Jannick Guers, Stratocaster sunburst et crème pour Dave Murray et Jackson stratoïde blanche pour Adrian Smith. Bien sûr, les Gibson ne sont pas loin non plus, puisque Murray avait une Flying V noire, et Smith deux Les Paul (une Custom noire et une Deluxe Gold Top des années 70). Mention spéciale à Smith pour son Ibanez Destroyer rouge brillant, un classique de la marque japonaise que l’on ne voit pas assez sur les grandes scènes. Le grand moment du concert était sans aucun doute les dix minutes de Seventh Son Of A Seventh Son, un morceau qui n’avait pas été joué très souvent avant cette tournée, et dans lequel le groupe pose une ambiance envoûtante. Les gigantesques dessins de fond changent tout le temps, et des monstres géants viennent se balader tranquillement sur scène, mais ce qu’on retient, c’est la musique. Après deux heures de heavy metal, le groupe quitte la scène et la sono nous renvoie à la maison au son de Always Look On The Bright Side Of Life, la chanson de fin du Life Of Brian de Monty Python, référence purement britannique s’il en est. A demain pour la suite !

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La scène principale à l’ouverture du festival

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Le soleil se couche sur le beffroi pendant le concert de Maiden…

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Le Drum-o-meter de Woodbrass était bien sûr de la partie, avec un record du jour de 807 coups de grosse caisse en une minute ! Pas mal…

farandole

C’est bien connu, les métalleux sont de vrais bisounours. La preuve, c’est qu’après les concerts, ils font la farandole.

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