Par Woodbrass Team
En 2016, la marque japonaise Yamaha fêtera les 50 ans de ses guitares. Les débuts de l’entreprise se sont faits par le piano (d’où les trois diapasons du logo historique), mais pour autant le passage à la guitare ne s’est pas fait à moitié, et certaines séries sont devenues de classiques à part entière, entre les acoustiques FG, les basses BB ou encore les électriques Pacifica, sur lesquelles bon nombre d’entre nous ont fait leurs premières armes. Une FG-150 s’est même retrouvée sur la scène du festival de Woodstock en 1969, entre les mains de Country Joe McDonald ! Bref la réputation de la marque n’est plus à faire, mais pas question de se reposer sur ces lauriers : à l’approche de ce demi-siècle, Yamaha présente une nouvelle gamme de guitares qui devrait remuer pas mal d’idées reçues.
La présentation de cette nouvelle série s’est faîte dans des conditions parfaitement rocambolesques : rendez-vous le 11 novembre au Studio 2 de Abbey Road, et c’est à peu près tout ce que nous savons. Aucune information n’a filtré, et la presse européenne retient donc son souffle en espérant ne pas s’être déplacée pour un pétard mouillé. Et puis Abbey Road ça n’est pas n’importe où… Le studio du cœur de Londres a été l’endroit de création des plus grands albums de l’Histoire de la musique contemporaine, de Pink Floyd à Adele en passant par les bandes originales de tous les Star Wars. Mais le Studio 2 c’est encore plus fort, puisque c’était le studio de prédilection des Beatles, celui dans lequel ils ont gentiment révolutionné le rock pendant les sept ans qu’à duré leur productivité discographique. Bref nous ne sommes pas n’importe où, et nous espérons ne pas être venus pour n’importe quoi.
La scène vue de l’escalier qui mène à la salle de contrôle
Chaises musicales
D’entrée, nous pouvons constater que Yamaha n’a pas fait les choses n’importe comment, puisque une scène avec du matériel a été installée devant le parterre de chaises classique des conférences de presse. L’occasion de constater à quel point Yamaha propose à peu près tout ce qui sert à faire de la musique puisque l’on peut équiper une scène entière rien qu’avec des produits de la marque. La présentation commence sur une démo de deux nouveaux produits que nous connaissions déjà mais qui nous rappellent à quel point les ingénieurs maison sont d’humeur à révolutionner le milieu de l’amplification guitare : le Line 6 Helix, premier multieffet à modélisation de la marque à s’adresser clairement au segment haut de gamme, et la tête Yamaha THR100 Dual, une déclinaison des petits combos de maison THR en version suffisamment puissante pour un concert, ultra compacte et avec le son qui va bien. Sur le côté de la scène, on aperçoit des hommes de l’équipe qui ramènent les guitares pour la prochaine étape de la présentation, et on devine une forme que l’on ne connaissait pas encore…
La RS502T et son cordier au design radical
Vous en avez Revstar
Puis vient enfin le moment de la grande révélation : Yamaha lance une nouvelle gamme de guitares ! Les Revstar s’inspirent d’une philosophie typiquement japonaise, cet amour du travail précis, cette conscience de l’héritage et la tentative d’aller au-delà de cet héritage, autant de valeurs que l’on retrouve dans les jeans, les whiskeys, les montres ou encore les motos japonaises. Les Revstar se réclament de l’univers Cafe Racer du Londres des Swinging Sixties, ces grosses motos customisées pour les rendre plus rapides et leur donner un style visuel immédiatement reconnaissable. Les japonais se sont emparés des Cafe Racer en les ont assimilés à leur propre culture, rendant les motos encore plus performantes. Ces nouvelles guitares ont donc une forme bien à elles, à double cutaway et qui évoque de très loin les Les Paul Junior de 1959, version hot rod bien entendu ! Leur développement s’est fait en collaboration avec une grande agence internationale de design, et les luthiers maison sont passés par une quarantaine de prototypes avant d’en arriver aux versions définitives. Avec un accastillage et une électronique développés spécialement pour l’occasion, ces guitares s’adressent à des musiciens qui cherchent un instrument avec une vraie personnalité, un outil qui les complète et annonce au monde entier qui ils sont.
La RS720B en finition Wall Fade, avec sa table en érable flammé et ses humbuckers à plots apparents
Photo de famille
Les choix de couleur sont à l’image de ce parti-pris, et on trouve sur les micros développés pour l’occasion un système appelé le Dry Switch qui permet d’atténuer les graves pour un son plus claquant, dans l’esprit d’un split mais sans la perte d’énergie typique du processus. Les Revstar sont réparties en 7 modèles différents, allant de 446 à 1116 euros. Les RS320 sont les plus modestes du lot avec deux humbuckers non capotés et un chevalet style tune o matic, même si elles ont déjà l’attitude des grandes sœurs en Black Steel (noir acier), Red Copper (cuivre rouge) ou Stock Yellow (jaune). La RS420 ajoute le Dry Switch, des micros capotés, une table en érable et un binding, et on la retrouve en Black Steel (noir acier), Fired Red (rouge) et Factory Blue (bleu). Vient ensuite la RS502, première en prix à bénéficier de la finition à la laine d’acier pour un rendu néo-industriel du meilleur goût. Allié aux deux P90, au chevalet wraparound et aux finitions Billet Green (vert qui tire sur le gros) et Shop Black (bleu très sombre, les 502 ont de la personnalité à revendre. La 502T est à part puisqu’elle reprend les deux P90 mais y ajoute un cordier custom surdimensionné dans l’esprit des Cadillac des années 50, le tout dans une finition Bowden Green (vert pomme) qui ne passera clairement pas inaperçue. La RS620 reprend la finition laine d’acier et le chevalet wraparound mais revient aux humbuckers capotés et ajoute une table en érable flammé, sublimé par les finitions Burnt Charcoal (gris bleu) et Brick Burst (sunburst). La RS720B pousse la logique encore plus loin : la table reste flammée sous les finitions Ash Grey (gris jaune) et Wall Fade (sunburst), mais les humbuckers ont des capots custom à plots apparents, et le Bigsby est couplé à des mécaniques bloquantes pour une utilisation en toute tranquilité. Enfin, la RS820CR se place au sommet de la gamme avec finition laine d’acier, plaque de protection cuivre, chevalet wraparound TonePros AVT-II et deux humbuckers capotés. Là encore les couleurs sont bien personnelles, avec le choix entre Rusty Rat (gris rouillé) et Steel Rust (rouge rouillé).
Le public face au groupe, le tout dans le mythique Studio 2
La réponse de Revstar
Un démonstrateur fait sonner quelques modèles sur le THR100 Dual, et force est de constater que l’on retrouve le parti-pris esthétique dans le son. C’est vintage, mais ça n’est pas pour autant purement identique aux références des années 50 et 60, il y a un tranchant moderne allié à l’épaisseur et la richesse harmonique de l’ancien. Mais une guitare n’existe que par la musique qu’elle fait, et Yamaha y avait pensé aussi. La batterie et les amplis sur la scène n’étaient pas simplement là pour décorer, puisqu’à la fin de la présentation, c’est le groupe The Answer, venu tout droit de Belfast, qui débarque sur scène pour un set d’une bonne demi-heure de rock ‘n’ roll qui résonne contre les murs historiques du Studio 2. Nous les avions vus sur de gigantesques scènes en ouverture de Deep Purple, Aerosmith et surtout AC/DC, mais les écouter à quelques centimètres est une expérience inoubliable, tant on a l’impression de toucher du doigt la grandeur des groupes de blues rock des années 70. On pense à Led Zeppelin forcément, ou encore aux Black Crowes, et le guitariste Paul Mahon utilise une Revstar différente pour chaque titre, avec un égal bonheur sonore. Si c’est ce genre d’énergie musicale qu’inspire la nouvelle gamme Yamaha, alors comptez sur nous pour suivre !