Par Woodbrass Team
Nous avions bien repéré ces superbes amplis arborant fièrement le logo Marshall lors de notre visite du Musikmesse, et depuis nous attendions avec patience de pouvoir essayer cette nouvelle série résolument haut de gamme, la Astoria. Nos souhaits ont été exaucés fin novembre pour la première présentation officielle des Astoria en France, au Woodbrass Store Guitare. Ils sonnent aussi bien que ce qu’on espérait et même encore mieux, devenant instantanément le meilleur nouveau modèle de Marshall depuis le vénérable JCM800. Nous avons pu l’entendre entre les mains expertes du démonstrateur Steven Smith qui a bien voulu répondre à nos questions.
En quoi consiste ton métier ?
Je suis le démonstrateur produit Marshall. Je fais énormément d’interventions en magasins, des masterclasses dans des salles de concerts, et récemment j’ai commencé à être impliqué dans le développement des produits. J’ai la chance de participer à la recherche et développement quand j’ai un peu de temps.
Depuis combien de temps travailles-tu pour Marshall ?
Je suis relativement nouveau chez Marshall, ça fait deux ans et demi. Avant ça je travaillais pour Laney puisque je suis de Birmingham et eux aussi !
Je suppose que tu as une carrière musicale parallèle ?
Pas vraiment, je suis un enseignant avant tout. Je donne des cours de guitare à Birmingham, j’ai notamment donné des cours à The Academy Of Music And Sounds. J’animais beaucoup de séminaires sur la science de l’éducation, puis quelqu’un m’a recommandé auprès de Laney pour que je fasse leurs démos, puis on m’a proposé de bosser pour Marshall. C’était une décision très facile à prendre !
Quelle différence as-tu ressenti entre les deux marques ?
D’une certaine manière ils sont assez proches, ce sont des entreprises familiales. Mais Marshall est bien plus gros, et leur gamme de produits est colossale. C’est la seule chose qui m’a demandé un petit effort d’adaptation, le temps de mémoriser toutes les références ! Même si Jim Marshall n’est plus avec nous, son entreprise continue de fonctionner comme il l’aurait voulu. Nous avons un héritage à défendre, tout en restant à l’écoute du marché et en allant de l’avant. Si un ampli est fait en Angleterre il aura forcément un certain coût, nous répartissons donc notre production entre l’Asie et le Royaume Uni.
En quoi consiste ton rôle dans le développement de produits ?
Je participe à l’élan d’origine, je fais part de mes idées et je transmets aussi ce que me suggèrent les magasins, ou les retours que me font les musiciens qui font régulièrement des concerts. En tant que prof de guitare je suis aussi en contact avec de très nombreux guitaristes de niveaux et d’âges très variés. Mon rôle est donc d’observer ce qui se passe sur le marché, ce qui est à la mode, ce que nos concurrents font mieux que nous et ce que nous pourrions faire pour rester compétitifs.
J’imagine que tu n’as pas participé à l’Astoria puisque tu n’es chez Marshall que depuis deux ans et demi.
Tout a fait. Lorsque j’ai rejoint Marshall il y avait déjà des prototypes en cours de test. A l’époque le modèle ne s’appelait pas encore Astoria, il y avait trois modèles simplement nommés Modèle 1, Modèle 2 et Modèle 3 ! J’ai participé aux tests, nous avons essayé différents hauts parleurs et différentes versions du circuit pour en arriver à ce qui nous plaisait le plus.
A quelles séries as-tu participé ?
J’ai eu un rôle dans le développement du Code (la série de petits amplis programmables en Bluetooth que Marshall va présenter au NAMM 2016, ndr), même s’il s’agissait déjà d’un travail en cours à l’époque où j’ai rejoint l’équipe. Je participe à l’application qui ira avec, en enregistrant des pistes d’accompagnement et ce genre de choses.
Peux-tu nous parler des Astoria ?
C’est une série très particulière, puisqu’au premier coup d’œil ils n’ont pas le look que l’on associe généralement à Marshall, il n’y a pas de boutons dorés ! Pourtant ce sont bel et bien des Marshall, mais des Marshall qui plairont aux gens qui s’intéressent à l’amplification boutique. Une tête 100 watts avec son 4×12 ne peut pas convenir à tout le monde. Nous avons donc tout rapetissé, y compris la puissance en watts de manière à ce que les gens puissent s’en servir en live mais aussi en studio, d’où les 30 watts avec atténuateur pour passer à 5. Quand j’étais gamin j’ai toujours voulu un stack 100 watts, mais à l’heure actuelle c’est inutilisable dans la plupart des salles, d’autant plus que ça ne sonne que lorsqu’on joue fort. Lorsqu’on me demande de faire la démo d’un JCM800, ma première question est toujours « quelle taille fait la salle ? ».
As-tu un ampli préféré dans la gamme ?
Je suis fan du Custom, c’est celui qui correspond le mieux à mon style de jeu. Il y a une énorme réserve de gain, mais ça n’est pas une distorsion incontrôlable. C’est un son très riche, très tenu et parfait pour enregistrer. Cela dit les trois modèles ont leur raison d’être : le Dual sera sans doute le plus populaire vu qu’il a deux canaux footswitchables, alors que le Classic est un ampli monocanal qui donne un gros son clair, il s’adresse donc surtout aux musiciens qui utilisent des pédales. Les vieux Marshall étaient d’excellentes plateformes pour les pedalboards bien fournis, et le Classic ramène instantanément à cette tradition. Pour ma part j’aime mieux utiliser la disto de l’ampli, les seules pédales que j’utilise sont une wah, une overdrive type Tube Screamer et un delay TC Electronic Flashback dans la boucle d’effets.
Quelles sont tes guitares préférées ?
Je n’ai pas de marque préférée, mais je gravite généralement vers des guitares de type Stratocaster avec un humbucker en position chevalet et deux simples. C’est une configuration qui me permet d’avoir le meilleur des deux mondes, du gros son rock au twang à la Stevie Ray Vaughan.
Qui sont tes influences ?
J’ai appris à jouer dans les années 80 et j’ai donc énormément écouté tous les shredders. Vai et Satriani bien sûr, mais j’ai toujours adoré les guitaristes de ce mouvement qui avaient aussi une sensibilité blues, comme George Lynch dans Dokken et Richie Kotzen. J’aime le shred mais je préfère ceux qui ne le font pas constamment, même si c’est une sagesse que je n’applique pas toujours à mon propre jeu !
Quel est ton Marshall préféré de tous les temps ?
Pas facile ! Je dirais le JVM deux canaux en version 50 watts. C’est un choix inhabituel mais il me convient parfaitement. C’est un ampli flexible et pas trop complexe à régler. Cela dit en studio je préfèrerais peut être plus un Plexi 50 watts…