Par Woodbrass Team
Les médias traditionnels se focalisent plus sur les Oscars, mais le monde du cinéma n’est pas seul à décerner ses récompenses annuelles. Pour la musique, l’événement « tapis rouge » de l’année est sans contexte les Grammy Awards, qui avaient lieu il y a dix jours à Los Angeles.
Au-delà du plaisir de voir quelques belles performances plus ou moins live, les Grammy Awards sont à la fois l’occasion de prendre le pouls du music business et de découvrir des artistes qui ne sont pas encore forcément d’énormes stars de ce côté-ci de l’Atlantique. Le chouchou de l’année était à n’en pas douter le chanteur soul britannique Sam Smith, qui à seulement 22 ans a remporté les très convoités Grammy Awards de la meilleure chanson, du meilleur disque, du meilleur album de pop chantée et de meilleur nouvel artiste. Son tube « Stay With Me » a beau être une copie quasi-conforme du I Won’t Back Down de Tom Petty sorti en 1989, les radios et télés se sont emparées du crooner à vitesse grand V. Mais c’est Beck, le génial multi instrumentiste californien, qui a remporté le très convoité prix d’album de l’année pour son Morning Phase, qui a aussi reçu le prix d’album rock de l’année. Le chanteur Kanye West en a profité pour faire parler de lui en déclarant que le Grammy aurait dû aller à Beyoncé, mais sa déclaration a eu l’effet d’un pétard mouillé puisque Kanye avait déjà fait le coup en interrompant le discours de Taylor Swift aux Video Music Awards de 2009. La polémique n’a pas empêché Beck de délivrer une très belle performance sur sa Martin dreadnought, en compagnie du chanteur de Coldplay Chris Martin. Autre fan avoué de la marque de Nazareth, le britannique Ed Sheeran arborait sa mini Martin signature pour une de ses deux performances, l’autre ayant été jouée sur une Fender Stratocaster Custom Shop décorée de la même manière que celle qu’avait utilisé Eric Clapton pour le concert hommage à George Harrison en 2003. Kanye était aussi là pour la musique puisqu’il était en trio avec Rihanna et… Paul McCartney ! L’ex-Beatle était armé d’une superbe Taylor en koa (gaucher évidemment) pour cette performance inattendue.
Musique(s)
Dans les styles plus spécialisés, de nombreux très bons albums ont été récompensés, ce qui prouve que malgré la crise du business les artistes parviennent encore à donner le meilleur d’eux-mêmes. La performance rock de l’année est l’excellent Lazaretto de Jack White, la performance métal est The Last In Line, une reprise de Dio par le duo Tenacious D, l’album alternatif a été remporté par la reine du Pog et du ring modulator St Vincent, l’album blues est Step Back du regretté Johnny Winter, l’album Americana est le magnifique The River & The Thread par Rosanne Cash (la fille de qui-vous-savez), l’album de jazz improvisé est Trilogy du pianiste Chick Corea, et enfin l’album de rap de l’année est The Marshall Matters LP 2 de Eminem, produit par l’incontournable Rick Rubin. Parmi les autres guitares remarquables, il y avait la superbe Gretsch Electromatic baryton que Hozier jouait pour son duo avec l’ex-Eurythmics Annie Lenox, la Gibson Hummingbird de Eric Church et la J-200 du countryman Dwight Yohakam. Enfin, la plus remarquée et remarquable était une incroyable Jackson Soloist rose entre les mains du bluesman John Mayer, que l’on connaissait plutôt sur des Stratos vintage. Il faut dire qu’il avait en plus choisie une tenue loin du spandex des groupes glam qui ont fait connaître la Soloist dans les années 80, avec un nœud papillon et des lunettes d’informaticien.
Rock or Bust
Mais la plus belle surprise était l’ouverture du show, avec deux titres enchaînés des légendes australiennes AC/DC. Le groupe a beau avoir plus de 40 ans de carrière et 200 millions d’albums vendus derrière eux, ils n’ont gagné qu’un seul Grammy Award (meilleure performance hard rock en 2010) et ne s’étaient jamais acoquinés de la sorte avec le milieu du show business. Pour cette entrée en grande pompe, ils ont donné une belle leçon de rock à un public on ne peut plus divers (voir Katy Perry chanter Highway To Hell valait à lui seul son pesant d’or). Une Gibson SG noire, une Gretsch naturelle, une basse Music Man, une batterie DW et un mur de Marshall : on fait difficilement plus simple. C’était aussi pour AC/DC l’occasion de présenter leur nouvelle formation, avec le neveu Stevie Young venu remplacer le guitariste rythmique Malcolm Young, et Chris Slade venu remplacer Phil Rudd derrière les fûts. Vous avez dit increvables ?