Fender : le conflit des générations

par Julien Bitoun – Woodbrass Team

Il arrive que des instruments d’exception passent entre les mains expertes de notre luthier Yann, et cette fois-ci j’ai décidé de vous en faire profiter ! Il s’agit d’une Fender Jaguar série L, les fameuses guitares fabriquées entre 62 et 65 qui sont considérées par les collectionneurs comme le sommet des modèles de la marque. Et nous avons même poussé le test jusqu’à la comparer à sa réédition actuelle, la Jaguar American Vintage qui a été revue et corrigée l’année dernière.

jaguars

à gauche, la réédition. à droite, la vieille. Cinquante ans séparent ces deux guitares.

Pour être tout à fait juste, il faut préciser que les deux ne partent pas vraiment sur un pied d’égalité : la série L a été montée avec un tirant de cordes 13-56 donc le Sol est filé plat, tandis que la réédition est montée en 10-46 réglé très bas. Pour le reste, les deux sont très proches. La série L porte l’usure des années et n’en est que plus belle, elle a juste perdu la mousse de l’étouffoir au chevalet, un manque classique et quasiment inévitable.

En terme de sensations de jeu, les deux sont extrêmement proches. Le profil du manche est le même, et on retrouve l’étrange diapason très court (24 pouces contre 25,5 d’habitude chez Fender) qui donne le son et le caractère si particulier du la Jaguar. Niveau son, les deux sont assez proches. On retrouve le même côté très claquant, brillant au point de l’agression sur le micro aigu et bien épais sur le grave en gardant cette attaque élastique. La principale différence s’entend mieux en son clair : la réédition a un niveau de sortie moins élevé, et du coup elle sonne plus fin et aigu. En son crunch, cette différence est rattrapée par la compression et on constate juste que la série L a un peu plus de corps. ça se joue à pas grand chose près mais c’est tout de même présent.

Reste la question qui tue : est-ce que cette différence de prix justifie de mettre le double du prix de la réédition dans l’achat d’une originale ? C’est clairement une question de goût. Certains préféreront le côté plus brillant de la réédition, d’autres ne pourront plus se passer de l’épaisseur de la vieille. Il serait intéressant de recommencer le même comparatif dans cinquante ans pour voir comment les deux auront vieilli entre temps… En attendant à vous d’écouter !

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2 réflexions au sujet de « Fender : le conflit des générations »

  1. Je ne connaissais pas les différences sonores, du fait que Fender n’est pas vraiment ma marque favorite, et surtout ma méconnaissance des modèles « vintages » de chez Fender.
    Le Crunch de l’originale est tout simplement sublime ! A mes oreilles, à cet instant T, en aveugle (je n’est pas lu les titres sur soundcloud), la vintage sonne infiniment mieux.
    Aller, hop, encore un ajout dans ma liste de GaS 🙂

  2. Intéressant.
    Sauf qu’une Jaguar Serie L se trouve (en cherchant un peu la bonne affaire), de particulier à particulier, dans les 2000€ à 3000€ !
    OK c’est devenu peu évident à trouver, mais en fouillant, et en n’étant pas pressé, c’est possible. Allez voir sur ebay chez les vendeurs des pays européens, en particulier Allemagne, Danemark, Suède, Finlande, Pays Bas, Espagne…
    Dans l’article j’aurais voulu savoir ce que la reissue donnait au niveau souffle.
    Les 2 Jaguar series L que j’ai essayées n’avaient pas un poil de souffle…

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