Par Woodbrass Team
Le Fair est un incontournable du paysage musical français. Depuis un quart de siècle, cet organisme choisit 15 artistes par an et leur offre un soutien précieux pour les faire exister sur scène. Ce tremplin de luxe a soutenu l’éclosion de monstres comme Louise Attaque, Supreme NTM, Dionysos et bien d’autres encore. Woodbrass ne peut que soutenir une belle institution comme ça, et nous sommes donc partenaires de la sélection 2014, au sein de laquelle on trouve des noms déjà très prometteurs comme Fauve, Benjamin Clementine et Sophie Maurin. Julien Soulié est le nouveau directeur du Fair, et il est en place depuis six mois. Ça ne nous a pas empêché de lui poser toutes nos questions !
Comment s’est passé ton arrivée au Fair ?
Le Fair est un dispositif qui existe depuis 25 ans et qui était porté par la même équipe depuis un moment, la dernière arrivée est là depuis trois ans et demi. Je n’ai donc eu aucun problème dans la répartition des tâches et la saisonnalité du dispositif. Nous avons cherché à évoluer pour s’adapter à ce dont un artiste ou un groupe a besoin en 2014. Ce qui avait été fait auparavant était très bon, l’idée était de « pimp my Fair », c’est-à-dire de garder les mêmes choses en allant encore plus loin.
Comment se déroule le calendrier du Fair ?
Tout commence par les candidatures : depuis le 3 février et jusqu’au 31 mars les groupes nous appellent pour voir si ils rentrent dans les critères. Si c’est le cas, on leur donne un lien pour qu’ils s’inscrivent en ligne. Pour la première fois cette année, l’inscription est dématérialisée. Jusqu’ici, il fallait envoyer un dossier d’une quinzaine de pages avec CD. C’est le première chose que j’ai faîte en arrivant : c’est du temps gagné pour les groupes. En parallèle de la sélection, je choisis un comité artistique de 15 personnes qui change tous les ans, composé de tourneurs, producteurs, éditeurs et ainsi de suite. Fin mars, on se retrouve avec 400 à 500 dossiers qui rentrent dans nos critères. L’équipe va faire une présélection et garder 150 groupes qui seront soumis au comité artistique. De juin à septembre, ils ont le temps d’écouter ces différents artistes. On se réunit ensuite le 8 septembre pour décider des lauréats, et on ne communiquera que le 15 octobre à l’occasion d’une grande soirée à la Cigale. Les médias seront invités, et nous allons associer les lauréats à des groupes « parrains » parmi les anciens gagnants, qui vivent un peu les mêmes choses. D’anciens lauréats vont donc venir jouer pour cette soirée.
En quoi consiste exactement votre aide ?
A partir du moment où les lauréats sont connus, nous allons passer l’année à les accompagner. Ils bénéficient de nos conseils, et nous organisons des évènements dans des fnacs, des soirées Fair le tour qui regroupent les nouveaux artistes et leurs parrains. Il y a notre concert du 21 juin sur la scène Ricard Live S.A. où on aura un plateau très sympa. Chaque groupe dispose d’une bourse 6000 euros à dépenser en achat de matériel et tour support. Il y a un plan de communication avec tous nos partenaires : Oui FM, les Inrocks, Deezer, Rue 89, avec qui on communique sur les nouveaux lauréats. Nous éditons une compilation qui va être encore plus belle et sera aussi disponible sous forme de bons de téléchargement. Enfin, il y a un plan formation avec des cours au Studio des Variétés. Les groupes disposent de 18 heures de cours qui peuvent être passées à travailler le chant, la MAO… Il y a aussi une semaine de cours à l’IRMA pour apprendre à éplucher les différents contrats, c’est très concret.
Comment expliques-tu le flair des jurys successifs, et le fait que la plupart des grands groupes français sont passés par votre sélection ?
Pour commencer, le Fair est identifié comme quelque chose d’important dans une carrière, donc les bons groupes s’inscrivent. Il n’y a pas que les groupes de troisième zone qui participent. Nous sommes là depuis 25 ans et les éditeurs, les producteurs et les tourneurs nous connaissent. Le bouche à oreille est très bon, et notre qualité de service est reconnue de tout le milieu. Ça nous permet d’avoir la crème de ce qui se fait aujourd’hui.
De quelle manière décidez-vous des artistes sélectionnés ?
Ça marche au coup de cœur, il n’y a pas de pondération ou de consensus. Chaque membre du comité artistique vient en ayant décidé de son Top 5 et de l’artiste qu’il aimerait voir gagner. Si les 15 membres ont 15 artistes préférés différents, nous tenons notre sélection, c’est aussi simple que ça. On ne se prend pas la tête pendant des heures, et le fait d’avoir des gens d’horizons très variés nous permet d’avoir une sélection proche de ce qui se fait en ce moment en musiques actuelles.
Est-ce que le nombre de candidatures augmente ?
Ça reste stable. On reçoit à peu près 1000 coups de téléphone et 400 candidatures par an. Nous avons des critères assez drastiques : il ne faut pas plus d’un album, de moins de 2 ans, plusieurs dates de concert… Pour que notre aide soit efficace, il faut que les groupes travaillent dans un milieu que nous connaissons.
Tu es musicien ?
Je suis très mauvais… J’avais un groupe quand j’étais lycéen, j’étais deuxième guitare, le mec qui est avec ses potes et qui a envie de faire du bruit.
Sur quelle guitare ?
Une Fender Jagstang Kurt Cobain.
La bleue ?
Oui exactement ! Je l’ai faîte réparer chez Woodbrass il y a pas longtemps après l’avoir récupérée chez mes parents.