Mark Sapienza (Vice-Président de Zildjian) – Interview

Par Woodbrass Team

Peu de marques peuvent se vanter d’une histoire comparable à Zildjian. Née à Istanbul (Turquie) en 1623, l’entreprise fêtera ses 400 ans et se trouve désormais dans le Massachusetts, même si les descendants de la famille fondatrice font encore partie de l’équipe. Il y a un an, Mark Sapienza a intégré la marque en tant que Vice-Président, chargé de manœuvrer ce vénérable galion vers son cinquième siècle d’existence. Il est venu nous rendre visite au Woodbrass Store batterie et nous en avons donc profité pour parler musique avec lui. Rencontre avec un vrai passionné.

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Comment as-tu intégré Zildjian ?
Tout commence par la réalisation d’un rêve. Pour moi, rejoindre Zildjian est ce qu’espèrent de nombreux musiciens, c’est-à-dire faire quelque chose qu’ils adorent. Mon histoire musicale a commencé par le saxophone à un très jeune âge, puis je suis passé à la guitare. Je suis allé à l’université en tant que musicien et ingénieur du son, c’était donc déjà mon rêve à l’époque. Mais comme pour beaucoup de rêves, la réalité se rappelle à toi et je suis donc passé au business non-musical. J’ai tenté de maintenir une connexion avec la musique mais, avec le temps et les obligations familiales, elle est devenue de plus en plus ténue. Malgré tout ce rêve est resté en moi. J’ai connu une carrière pleine de succès dans plusieurs business, notamment les ustensiles de cuisine pour restaurant. Le lien est que les chefs sont généralement aussi passionnés que les musiciens ! J’ai aussi connu des business moins passionnants, et après plusieurs années je me suis rendu compte que tout ça ne me satisfaisait pas. J’ai donc quitté la société pour laquelle je travaillais, et c’est à ce moment là que j’ai reçu le coup de fil de Zildjian. J’étais enthousiaste bien sûr, mais je les ai prévenues que je n’étais pas batteur et surtout que je n’avais pas travaillé dans le business de la musique auparavant. Ils m’ont expliqué qu’ils cherchaient justement quelqu’un qui avait un regard extérieur sur tout ça pour compléter le point de vue des spécialistes qui travaillent déjà chez eux. Le business est comme un morceau de jazz, tout le monde apporte sa compétence et complète les autres en improvisant. Lors de mon entretien, je n’ai même pas mentionné que j’étais musicien de manière à ce qu’ils voient que je pouvais leur apporter le côté business, puisque ma passion pour la marque était évidente. Il est facile d’être amoureux de cette marque !

Quelle direction comptes-tu donner à Zildjian ?
Je suis encore en pleine évaluation de la marque. J’ai commencé il y a un an et un mois mais j’apprends tous les jours. La première chose à faire est de laisser tous tes aprioris de côté de manière à écouter tout le monde. J’ai commencé par réaliser à quel point la cymbale est un instrument à part entière plus qu’un accessoire, et j’ai ensuite développé mon oreille pour les différentes couleurs qu’elles produisent. J’ai aussi beaucoup discuté avec nos distributeurs et nos revendeurs, je me suis imprégné de tous ces avis pour finalement commencer à percevoir quels aspects il faut garder et lesquels il faut changer. Je me lève tous les matins en me disant « je m’occupe d’une marque qui a 391 ans, je ne veux pas rater mon coup ! ». J’aime construire des choses durables. Ma philosophie est de faire les choses bien et de laisser ce que te trouves dans un meilleur état que tu l’as trouvé.

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Parle nous de ta vie musicale.
J’ai commencé le saxophone sous l’influence de David Sanborn et Dave Brubeck, ainsi que les classiques incontournables que sont le be-bop ou Charlie Parker. J’étais autodidacte, je n’ai pas pris de cours avant le lycée. J’ai donc commencé par ressentir la musique et m’imprégner des notions de tempo. Avec le temps, je me suis aussi intéressé à la pop comme Chicago ou Blood, Sweat and Tears.

Au fur et à mesure de tes succès de carrière, as-tu fini par acheter un Mark VI Selmer ?
Tu ne crois pas si bien dire, j’ai failli en acheter un il y a six mois ! ça a toujours été mon rêve… Pour l’instant, j’ai un Super 80 et un soprano Series 3 Jubilee. Je me suis mis à la guitare pour pouvoir chanter et parce que j’aime apprendre de nouvelles choses. Je joue Clapton, de Stevie Ray Vaughan, du R.E.M… Je suis tombé amoureux de la Telecaster, j’en ai deux ainsi qu’une Taylor en acoustique.

T’es-tu initié à la batterie à force de travailler chez Zildjian ?
Un tout petit peu… Je jouais déjà un peu avec mon groupe, un petit groupe qui joue le weekend pour les mariages et anniversaires. Je suis un batteur minimaliste, j’aime les espaces entre les notes, pour moi c’est le plus important.

Quel est ton point de vue sur la crise que traverse actuellement l’industrie des instruments de musique ?
J’ai déjà connu ce genre de situations dans d’autres industries, donc j’ai un peu de recul par rapport à ça. Dans ce genre de cas, les gens se recentrent sur leurs forces et pensent moins à leurs points faibles, il se focalisent sur les clients qu’ils peuvent servir au mieux. Il faut penser à l’échelle locale, même pour les business sur Internet. Les magasins spécialisés reprennent du poil de la bête.

Pensez-vous déjà aux 400 ans de Zildjian en 2023 ?
Oui, il n’est pas trop tôt ! Nous savons que le business se portera mieux, et nous voulons une célébration très spéciale, avec l’esprit de famille que nous entretenons dans notre société, avec nos revendeurs et avec les batteurs qui jouent sur nos cymbales.

Et pour conclure cette interview un scoop : les Zildjian SL391 B15 seront très bientôt disponibles chez Woodbrass en exclusivité. Guettez ces petites merveilles et venez les écouter en magasin !

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