Rencontre avec Ottis Coeur

Dames de coeur

De leur rencontre à Paris au Studio des Variétés à la sortie de leur premier EP fin 2021, tout est allé très vite pour Camille et Margaux, duo féminin aux personnalités opposées, réuni sous la bannière d’un rock empreint d’un féminisme subtil. Isolées dans la maison familiale de Camille à la faveur du premier confinement, elles y ont écrit et enregistré leurs premiers morceaux. Leurs participations à différents programmes d’accompagnement auront fait éclore le talent de ces deux jeunes femmes, scellé dans un premier EP de cinq titres sorti quelques jours avant leur passage sur la scène des Transmusicales. Et la belle histoire continue. Elles viennent d’être lauréates du FAIR 2022, l’influent dispositif de soutien au démarrage de carrière et de professionnalisation en musiques actuelles et les premières dates de tournées s’enchaînent. La team Woodbrass les a rencontrées.

Racontez-nous l’histoire de la naissance de votre duo


CAMILLE : à la base, on a chacune des projets respectifs et on s’est rencontrées lors d’une formation au Studio des Variétés en octobre 2019. À la veille du confinement, j’ai proposé à Margaux de venir se confiner avec moi chez mes parents.

MARGAUX : ce à quoi j’ai répondu oui !

CAMILLE : l’idée était que l’on s’entraide sur nos projets et qu’on fasse de la musique comme une sorte de résidence. Moi j’ai un petit home-studio donc j’ai tout pris, mis le tout dans une voiture, embarqué Margaux et nous sommes parties. Deux jours après, on chantait ensemble, et on avait déjà écrit un ou deux morceaux.

Quelle est votre formation musicale initiale ?


MARGAUX : j’ai fait un peu d’école de musique quand j’étais plus petite. J’ai continué le piano et la guitare en autodidacte. Pour le chant, j’ai pris un peu quelques cours en 2018, quand je suis entrée au Studio des Variétés.

CAMILLE : moi je suis allée dans une école de musique où j’ai fait du basson, de la guitare classique et un an de guitare jazz. Ensuite j’ai arrêté. J’ai donc une base de solfège mais j’ai continué à apprendre par moi-même.

Comment avez-vous réalisé votre EP ?


CAMILLE : on a tout enregistré avec ma carte son, des enceintes, un ordinateur et avec deux micros : un micro statique et un Shure SM58. On a gardé toutes nos pistes et on les a fait remixer. On voulait vraiment garder ces pistes parce qu’elles sont historiques, à la base de notre création.

MARGAUX : et c’est surtout que ces prises ont de la valeur. C’est quelque chose que l’on ne pourra pas reproduire dans un autre studio.

Vous aviez des connaissances spécifiques pour enregistrer vos maquettes ?


CAMILLE : j’ai commencé avec GarageBand, et je suis ensuite passée sur Logic. J’ai bossé avec un pote qui était ingénieur du son et qui m’a donné quelques conseils. Et lors de notre formation au Studio des Variétés, on a eu quelques cours de MAO.

MARGAUX : moi j’ai commencé aussi sur GarageBand. Après je suis passée sur Ableton mais je suis plus dans le côté expérimental. Je ne cherche pas à faire des mixs mais à bidouiller des sons.

Votre EP a été mixé au Labomatic, le studio de Bénédicte Schmitt et Dominique Blanc-Francard. Comment s’est faite cette rencontre ?


MARGAUX : on avait entendu parler de Bénédicte par des amis. On lui a envoyé un email. Elle a accepté de nous rencontrer. Nous sommes arrivées au Labomatic, on a discuté et le courant est tout de suite passé. Tout ce qu’on avait en tête, elle le disait. Ça a été assez fusionnel dès le départ.

Vous avez déjà une attachée de presse, un tourneur. Tout a l’air d’aller très vite pour vous deux ?


CAMILLE : une fois nos maquettes terminées, on a envoyé des dossiers et on a eu la chance d’être sélectionnées par des programmes d’accompagnement, comme Variation, le programme du FGO Barbara, à Paris. On a également été artistes associées à une SMAC (Salle de musiques actuelles) qui s’appelle File 7 et qui est située à Val d’Europe en Seine-et-Marne. Et après, on a eu les Inouïs du Printemps de Bourges.

MARGAUX : on a fait une résidence avec les Inouïs à File 7 et nous avons été accompagnées pendant toute la semaine du Printemps de Bourges, avec une semaine complète d’interventions dans les domaines des musiques actuelles, autour de thématiques comme la structuration d’un projet, les partenaires essentiels à avoir, le streaming…

Le mot féminisme revient souvent vous concernant. C’est quelque chose qui vous tient à cœur ?


MARGAUX : au début on avait du mal à se sentir légitimes de se dire féministes, même en dehors de notre projet musical. C’est quelque chose qui implique beaucoup de choses, et notamment de militer. Mais chacun peut être engagé à différents niveaux. Nous, on milite en prenant des femmes à la technique, au management, au booking. On essaie surtout de donner plus de place aux femmes autour de nous. 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire du rock ? Des femmes comme PJ Harvey par exemple ?


CAMILLE : complètement. En ce qui me concerne, j’écoute beaucoup de rock et mes modèles sont des femmes qui font du rock. C’est quelque chose qui m’a bien guidé dans cette direction et ce choix artistique. Et le rock, c’est aussi quelque chose de très brut. Tu prends ta guitare, tu la branches et tu chantes. Je me retrouve plus dans cette simplicité.

MARGAUX : j’ai beaucoup d’amis qui font partie de ces groupes comme Johnny Mafia, Johnnie Carwash ou We Hate You Please Die. Il se passe vraiment un truc dans la scène indépendante rock française en ce moment. Et on n’y donne pas assez de visibilité à mon goût.

Et sur scène, comment se manifeste cette énergie ?


CAMILLE : on a deux caractères différents. Moi je suis plus réservée et Margaux est plus expressive. Déjà il y a le fait que je fais de la basse. L’instrument est plus lourd. Même le fait de faire de la basse est un truc qui te pose un peu. Et je ne suis pas encore assez à l’aise pour sauter partout sur scène avec mon instrument !


LE MATOS D’OTTIS COEUR


PREMIER EP

« Juste derrière toi »