Depuis plus de 30 ans, les MPC se sont imposées dans le vocabulaire créatif pour désigner un instrument à part entière, permettant le jeu, inventant toute une série de techniques allant du sampling au finger drumming.
Retour sur cette riche histoire…
Par Woodbrass Team
Les prémices
- C’est à partir du milieu des années 80 qu’on assiste à la véritable intrusion du sampleur dans le domaine du home-studio avec l’arrivée des modules MIDI des séries S chez Akai (S612, S700, S900, S950, S1000) et pour compléter cette gamme naissante de sampleurs en racks, le constructeur japonais fait naturellement appel à Roger Linn pour son projet d’un échantillonneur dédié à la rythmique. Ce spécialiste reconnu des boîtes à rythmes avait en effet marqué les esprits avec sa société Linn Electronics, grâce en particulier à la célèbre boîte à rythmes qui porte son nom, la Linn 9000.
- Roger Linn travaille donc à la conception des premières MIDI Production Center (MPC60 et MPC3000), devenues par la suite Music Production Center, accompagné de David Cockerell (co-fondateur d’EMS) pour la partie hardware. La MPC60 voit le jour en décembre 1988 pour un tarif raisonnable de 5 000 $.
- On retrouve déjà sur cette station originelle, les éléments qui vont assurer le succès de la gamme future dont pour la première fois, une matrice de 16 pads sensitifs pour déclencher les samples (trigger) dont la durée maximale atteint 13 secondes en 12 bits / 40 kHz. On trouve aussi un lecteur de disquette 3,5 pouces pour charger et sauvegarder les échantillons ainsi qu’un écran LCD.
- Le séquenceur interne de 60 000 évènements MIDI était également très complet avec 99 pistes par séquence, 99 patterns et 99 séquences qui pouvaient être créées, éditées et stockées dans la machine. Celle-ci disposait en plus de divers contrôles externes pour toutes les situations de live ou de studio, dont un curseur linéaire permettant par exemple, de passer d’une cymbale charleston fermée à ouverte de façon progressive.
- La plupart des artistes qui l’utilisaient créaient leurs patterns en temps réel en ajoutant spontanément des parties de batterie sur un drumloop afin de produire un groove qui suivait le feeling.
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Équipée d’origine du protocole MIDI, de 16 voies de polyphonie et du code SMPTE, la MPC60 emporte l’adhésion des artistes de l’époque et devient l’instrument principal des beatmakers pour les productions
hip-hop dans le rap et le R&B. -
Dès 1988, EPMD s’empare de la MPC60 et sort son tube fondateur « Strictly Business » qui mettra en avant le principe de l’échantillonnage et des boucles avec l’extrait de « I Shot the Sheriff », piqué sur le titre de Bob Marley. Dr Dre va aussi marquer l’histoire des MPC en suivant pratiquement toute cette gamme depuis l’origine. La rumeur prétend qu’il aurait utilisé cinq MPC60 pour The Chronic et 2001.
Parmi les beatmakers les plus respectés, J Dilla a travaillé également avec les premières MPC60 avant de passer sur la MPC3000.
Le décollage
- En 1991 MPC60 MKII est réalisé quasiment à l’identique avec une coque en plastique et une prise casque à l’avant.
- Il faudra attendre 1994 pour voir surgir la MPC3000 dotée d’un échantillonnage stéréo en 16 bits / 44,1 kHz de 22 secondes extensible à 44 secondes, d’une mémoire supplémentaire via la connexion SCSI et de 32 voix de polyphonie. La fin des années 90 va voir l’arrêt de la collaboration avec Roger Linn et l’arrivée des MPC2000 (1997) et MPC2000 XL (1999) qui symboliseront la quintessence du concept. La MPC2000 arrive avec un séquenceur de 64 pistes, 2 Mo de mémoire extensible à 32 Mo et supporte le sampling mono / stéréo à 16 bits / 44,1 kHz. La MPC2000XL, version dotée une extension de huit sorties séparées et qui double le nombre de samples à 256, ajoute quatre banques de pads supplémentaires ainsi que des effets internes. Elle se gagnera rapidement les faveurs de légendes du hip-hop comme Kanye West, MF DOOM et Pete Rock ainsi que celles des beatmakers Marco Polo ou RJD2.
- La MPC4000 renouera en 2002 avec le haut de gamme en mélangeant les caractéristiques des MPC60, 3000 et 2000XL dans une machine en 24 bits / 96 kHz équipée de 512 Mo de mémoire RAM, avant d’être remplacée en 2008 par la MPC5000 qui intègre un synthétiseur, un arpégiateur et un enregistreur huit pistes DtD (Direct to Disk).
- En 2004, la MPC1000 signe la fin de la saga des MPC2000. La station intègre la connexion USB et ajoute six sorties séparées à son sampleur ainsi qu’une extension de mémoire vive (compact flash) jusqu’à 128 Mo. En 2006, la MPC500 reprend l’ergonomie des MPC dans une machine nomade pouvant être alimentée par piles tandis que la MPC2500 de 2007 reprend les caractéristiques de la MPC1000 en mode haut de gamme.
À l’ère du computer
- Avec le développement inexorable des DAW, les machines hardware strictement autonomes se sont vues peu à peu détrônées au profit de solutions logicielles et de contrôleurs plus en adéquation avec l’univers de la MAO. Après cinq ans d’interruption, la MPC Renaissance amorce en 2012 une rupture majeure dans le modèle des grooves machines autonomes d’Akai en associant une machine à pads rétroéclairés avec un logiciel dédié MPC pour macOS X / Windows afin de former une solution matérielle et logicielle qui équivaut aux machines standalone. Le hardware présente une similitude des commandes avec la MPC3000 tandis que l’écran évoque les MPC1000 / 2500. Le logiciel compatible en mode plug-in VST, AU ou RTAS (AAX), fonctionne aussi avec une DAW externe. Cette formule sera suivie de la première MPC Studio, un contrôleur en aluminium avec un écran large en format compact pour être transporté avec un laptop. Le modèle qui a déjà été upgradé en 2016 avec la MPC Studio Black vient d’être revisité une nouvelle fois cette année avec la MPC Studio 2 MKII associée au logiciel Akai MPC 2 compatible en mode plug-in, une solution qui devient à la fois l’entrée de gamme et la dernière arrivée de la série MPC actuelle.
- S’ensuit plusieurs applications pour Mac avec l’iMPC iOS pour iPad associée au contrôleur MPC Fly en 2012 et son extension pour iPhone et iPod en 2013. La même année, sort la surface de contrôle MPC Element en USB avec un couvercle de transport et des pads multicolores d’une épaisseur de 14 mm.
- 2015 sera l’année de la MPC Touch, un contrôleur à pads élaboré qui présente un écran tactile de 7 pouces multipoints pour gérer le soft MPC.
- Retour au concept des stations en partie autonomes lors du Namm de 2017 ou Akai présente une évolution de sa MPC Touch avec le modèle portable MPC Live. La station de 2,7 kg en format nomade, dispose de 10 Go de banques de sons et de plug-ins pré-installés dans la machine et possède six sorties mono individuelles, une entrée phono, deux E/S MIDI en DIN, un emplacement pour carte SD et deux prises USB 3. La version MPC X sortie simultanément devient de son côté la rolls des MPC de studio avec deux entrées audio sur combos XLR / jacks 6,35 mm avec préamplis micro et alimentation fantôme. La station possède un grand écran couleur multitouch de 10.1 pouces ainsi qu’un petit afficheur OLED au-dessus de chacun des Q Link. La MPC X possède aussi 16 Go de stockage interne, une connexion SATA 2.5 pouces, une interface audio et un processeur multicœur capable de faire tourner la nouvelle version du logiciel MPC software 2.0. Les connexions sont aussi complètes que la MPC Live, mais avec huit sorties CV / Gate configurables pour brancher des synthés vintages. Les dernières machines présentées au Namm 2020 seront la MPC One en format compact et la nouvelle version de la MPC Live II qui renforce son autonomie avec l’intégration de haut-parleurs stéréo, de connexions sans fil Wi-Fi et Bluetooth ainsi que d’une batterie Lithium-Ion rechargeable pour une autonomie annoncée de cinq heures.
Les MPC aujourd’hui
33 ans après la première MPC60, la série comprend désormais chez Akai Pro sept modèles à classer dans quatre familles :