Le riff « Seven Nation Army » des White Stripes

Le 7 mars 2003 est diffusé pour la première fois sur les ondes américaines un riff devenu depuis légendaire, tellement simple, efficace et fédérateur qu’il sera même repris comme hymne quasi officiel par les supporters de football des quatre coins du monde. Ce riff, c’est celui du morceau « Seven Nation Army », du duo The White Stripes. Voyons comment celui-ci a été conçu…
Par Woodbrass Team

Qui sont les White Stripes ?


  • Le groupe, originaire de Detroit, se compose de Meg White à la batterie et de Jack White à la guitare et au chant. S’ils s’affichent souvent comme frère et sœur, ils ont surtout été mariés pendant quatre ans, puis divorcés en 2000.

  • Jack est l’auteur et le compositeur du duo, il puise son inspiration dans le blues old school et le punk rock. Deux artistes l’ont fortement marqué qui forment les racines musicales de The White Stripes : Son House dont il admire les morceaux pour la grande sobriété de leurs arrangements, qui transmet immédiatement toute l’intensité de son émotion et Flat Duo Jets pour leur énergie brute et débridée.

L’origine de « Seven Nation Army » des White Stripes ?


  • C’est lors d’un soundcheck en Australie qu’est joué pour la première fois ce riff composé de sept notes, Mi – Mi – Sol – Mi – Ré – Do – Si. Bien qu’il y sente tout le potentiel d’un grand morceau, Jack White le met de côté pendant un moment, se disant que son caractère serait particulièrement adapté si on lui demandait par exemple d’écrire le générique d’un film de James Bond. Mais lassé d’attendre cette opportunité qui ne vient pas, il l’utilise pour composer un des titres du quatrième album du groupe, Elephant.

  • Assez ironiquement, on viendra finalement le chercher quelques années plus tard pour composer le générique du film Quantum Of Solace et notamment le titre « Another Way to Die » en duo avec Alicia Keys.

  • Côté paroles, ce titre à sensation guerrière pourrait nous faire croire à un texte vindicatif et engagé, la sémantique allant de pair. Pourtant, Jack White nous raconte simplement l’histoire d’un homme qui rentre dans sa ville natale et qui est le sujet des moqueries et des ragots. « Seven Nation Army » n’est d’ailleurs qu’un dérivé de « Salvation Army » (l’Armée du Salut), expression qu’enfant, il avait du mal à prononcer correctement.

Le son du riff


  • Sans enrichissement ni fioriture, « Seven Nation Army » s’ouvre directement sur ce riff, dont le son très sourd et grave est immédiatement assimilé à une basse. Pourtant, c’est bien celui d’une guitare, la Kay K6533 hollowbody sur laquelle il a été enregistré, étant simplement branchée à une pédale Whammy de Digitech réglée à l’octave inférieure. Le matériel de Jack White est d’ailleurs un élément très important dans le rendu sonore du groupe. Fervent défenseur de l’analogique et amoureux des instruments vintage, il chérit particulièrement les guitares compliquées à jouer, un peu fausses, car il aime les dompter pour en faire émerger des morceaux. Côté amplis, il se branche sur un Fender Twin Reverb Silverface des années 70 et sur deux Sears Silvertone.

À vous de jouer !


  • Tout le riff est joué sur la même corde, celle de La, pour conserver un timbre homogène et grave qui renforce l’illusion de la basse. Au refrain, il est développé en power chords joués au bottleneck. Cet outil hérité du blues se présente comme un tube de métal placé sur le quatrième doigt de la main gauche, l’auriculaire. Il procure une sonorité métallique et permet des slides très fluides, mais en contrepartie, on ne peut jouer ensemble que des notes se trouvant sur la même case. Pour jouer ces power chords, la guitare doit par conséquent être accordée en Open A : Mi – La – Mi – La – Do# – Mi du grave vers l’aigu. On place alors le bottleneck sur les mêmes cases que le riff en jouant cette fois les trois cordes graves La, Mi et La.
  • Pour vous approcher du son de « Seven Nation Army », nous vous conseillons une guitare demi-caisse avec micro simple bobinage, une pédale d’octaver et un ampli de type Fender Twin Reverb. Pour le refrain, il vous faudra une pédale de fuzz, Jack White utilisant une Big Muff de chez Electro-Harmonix et un bottleneck.

  • Et voilà comment un unique riff constitue plus de 95 % d’un morceau mythique, récompensé par plusieurs prix, dont le Grammy Award de la meilleure chanson rock en 2004, et repris par de nombreux artistes dont le chanteur français Ben l’Oncle Soul.